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Activité et genre restent fortement corrélés

Conditions de travail | publié le : 06.03.2023 | Gilmar Sequeira Martins

Les femmes font-elles fuir les hommes et... vice-versa ? Une étude de l’université de Zurich (Suisse) publiée dans la revue Social Networks corrobore cette hypothèse. Menée avec des données sur la composition des métiers en Grande-Bretagne, elle confirme que les hommes ont une forte propension à changer de métier, ou d’en choisir un autre, quand la proportion de femmes, et donc la mixité, augmente. Pier Bock, le professeur de sociologie à l’origine de ces travaux, souhaitait vérifier l’existence d’une résistance, délibérée ou simplement vécue, qui pourrait expliquer la persistance de métiers typiquement « masculins » ou « féminins » en dépit d’une grande évolution des relations entre sexes et de leurs rôles au sein du monde du travail. De fait, certains métiers restent fondamentalement associés à des personnes d’un sexe ou de l’autre. Pendant longtemps, cette persistance a été expliquée par des affinités spécifiques, lointaines conséquences du genre de la personne et de son éducation. Les hommes développeraient ainsi une prédilection pour les métiers techniques alors que les femmes se dirigeraient plutôt vers les métiers plus « sociaux » (relations humaines, soin, etc.).

Si séduisante soit-elle, cette explication bute sur le réel. Dans de très nombreux cas, ces facteurs ne fournissent pas une clé de lecture satisfaisante. À l’intérieur de certaines professions, il existe ainsi des spécialisations sans rapport avec des capacités liées directement au fait d’être un homme ou une femme. Dans le domaine de la santé, les données disponibles montrent que les hommes s’orientent plus souvent vers la radiologie et les femmes vers la dermatologie. Le phénomène est particulièrement frappant parmi les écoles nationales vétérinaires françaises. Alors que le pourcentage de femmes diplômées était de 10 % en 1970, il a progressé très fortement durant les trois décennies suivantes pour atteindre 60 % en 2000 et 80 % à l’heure actuelle.

L’étude de l’université de Zurich montre que les hommes sont deux fois plus susceptibles de quitter une profession qui se féminise. Quelle conclusion en tirer ? Il existerait une résistance à la mixité qui est nourrie par la façon dont une profession est perçue en matière de composition par sexe. La persistance des stéréotypes joue un rôle dans ce mécanisme. Selon le professeur Pier Bock, cité dans le quotidien suisse Le Temps, la profession d’infirmière pourrait être perçue très différemment par rapport à aujourd’hui : « Si la plupart des soignants étaient des hommes, nous pourrions percevoir la profession très différemment, par exemple comme responsable, affirmée ou exigeante physiquement. » Les perceptions jouent donc bien un rôle sur les choix et les comportements.

Auteur

  • Gilmar Sequeira Martins