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Éditorial

Dévoiements capitalistes et… syndicaux

Éditorial | publié le : 01.02.2009 | Denis Boissard

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Dévoiements capitalistes et… syndicaux

Crédit photo Denis Boissard

Mais sur quelle planète vivent-ils ? En ces temps de cataclysme économique, alors que la crise s’annonce dévastatrice pour le monde du travail, l’attitude irresponsable – ou, plus exactement, l’égocentrisme – de certains acteurs laisse pantois. Deux exemples particulièrement édifiants dans l’actualité récente.

Indécentes d’abord, les réticences de certains banquiers à remettre en cause les bonus confortables dont ils auraient bénéficié du fait des – encore – bons résultats attendus pour 2008. Il aurait été incompréhensible aux yeux de l’opinion publique qu’ils se remplissent les poches alors que l’État, donc les contribuables, injecte plus de 20 milliards d’euros pour consolider leurs fonds propres. Surtout, il aurait été moralement inacceptable, alors que les dérives spéculatives du secteur financier sont directement responsables de la crise économique actuelle, que ses dirigeants ne fassent pas preuve d’un minimum de solidarité avec les salariés, placés – eux – au régime sec, avec les nombreuses victimes des plans sociaux ou avec les jeunes, diplômés ou non, dont l’avenir professionnel s’est soudainement obscurci.

Sauf à creuser un fossé béant entre la société et le monde économique, il est aujourd’hui urgent que soient revisités les modes de rémunération à la tête des grands groupes cotés (bancaires ou non) et que leurs dirigeants appliquent de leur propre chef le code de bonne conduite édicté par le Medef et l’Afep. Au-delà, il est peut-être temps qu’il soit mis fin dans ces entreprises à la « focalisation excessive sur le rendement à court terme », selon les mots mêmes du très orthodoxe président de la BCE, Jean-Claude Trichet, et que le triptyque entre actionnaires, clients et salariés soit un peu rééquilibré en faveur des derniers.

Irresponsable ensuite, le chaos déclenché par SUD-Rail à la gare Saint-Lazare. Après un mois de perturbations – le trafic étant désorganisé par des arrêts de 59 minutes (exposant le cheminot à une retenue modique) et des grèves tournantes un jour sur deux –, la galère des 450 000 usagers de cette gare a viré au cauchemar le 13 janvier dernier. Le droit de retrait exercé par surprise au lendemain de l’agression d’un conducteur par six jeunes éméchés a en effet contraint la SNCF à fermer la gare. Résultat : des dizaines de milliers de voyageurs en rade, des salariés perdant une journée de travail, des chômeurs ratant un entretien d’embauche, des étudiants privés de partiels… Autant de voyageurs pris au piège dans la compétition que SUD-Rail livre à la CGT en vue des élections professionnelles du 26 mars prochain à la SNCF. Drôle de conception de la fraternité de la part de syndicalistes se revendiquant comme « solidaires ». Et surprenante vision de l’attention à apporter aux usagers pour un syndicat qui se présente comme le fer de lance de la défense du service public.

Auteur

  • Denis Boissard