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Tableau de bord

Faut-il augmenter les salaires ?

Tableau de bord | publié le : 01.01.2009 |

Gilles Saint-Paul Chercheur, professeur d’économie à l’université Toulouse I

Pour relancer l’économie, d’aucuns militent en faveur d’une hausse des salaires, qui relancerait la consommation. C’est la plus mauvaise manière de s’y prendre. D’abord, parce que l’effet sur la consommation est de second ordre : une hausse des salaires augmente les revenus des salariés mais réduit les profits et donc les revenus des épargnants. La consommation n’augmente que dans la mesure où les premiers consacrent une part plus élevée de leurs revenus à la consommation que les seconds, ce qui est sans doute vrai, mais a néanmoins des effets limités. Ensuite, parce qu’une hausse des salaires augmente le coût du travail et est donc nuisible à l’emploi.

Enfin, parce qu’une hausse des salaires est très difficile à inverser et reviendrait donc à sacrifier le long terme – c’est-à-dire augmenter le taux de chômage d’équilibre – sur l’autel du court terme. Étant donné les problèmes structurels de l’économie française et la fragilité des finances publiques, il est important de mettre en œuvre des mesures que l’on pourra démanteler dès la sortie de crise. C’est pourquoi la meilleure politique aurait été une baisse explicitement temporaire de la TVA.

Stéphane Ménia Professeur d’économie à l’Université de la Méditerranée

Une partie des déséquilibres actuels est peut-être liée à l’insuffisance des salaires, conduisant les ménages à s’endetter plus que souhaité. Mais, pour qu’une hausse des salaires ait un impact significatif sur la consommation, elle devrait être négociée au niveau le plus large possible ou dans les branches les plus demandeuses de main-d’œuvre ; ce qui semble complexe à obtenir rapidement. Or on a besoin de mesures rapides (ce que le plan actuel ne garantit pas non plus). Du reste, une hausse généralisée des salaires raterait en partie son objectif puisque les ménages les plus aisés risqueraient d’épargner davantage. L’effet net pour les entreprises serait négatif, leurs coûts croissant sans que la demande ne suive totalement. De manière générale, l’inconvénient d’une hausse des salaires, mesure globalement pérenne, est de relever d’une perspective structurelle alors que l’on doit apporter une réponse conjoncturelle. Stimuler la consommation, oui, mais par le biais de dépenses publiques ponctuelles, au travers de consommations publiques utiles aux ménages ou par le versement d’une allocation, dont le ciblage (vers les bas revenus ?) est à estimer ; au pire, par une baisse de la TVA, dont la réversibilité est relative.

Xavier Timbeau Économiste à l’OFCE, professeur associé à Supélec.

Pour mettre fin aux spirales dépressive et déflationniste, il faut relancer l’économique. Le plan de relance français joue peu sur ce ressort et reste incomplet. Quelque 10 milliards d’euros sont nécessaires, à l’échelle de la France, pour soutenir la consommation et l’activité en transitant par le pouvoir d’achat. Mais ces milliards doivent être employés pour soutenir le revenu de ceux qui sont les plus exposés aux conséquences de la crise financière : ceux qui viennent de perdre leur emploi, qui sont en fin de droits, ou ceux qui n’ont pas encore travaillé et qui n’ont pas acquis de droits au chômage. Soutenir leur pouvoir d’achat, c’est prolonger d’un an les périodes d’indemnisation, c’est abaisser les critères d’entrée dans l’indemnisation chômage ou compter les périodes de stage comme périodes d’activité. En injectant du pouvoir d’achat à cet endroit-là de l’économie, on peut inverser le cours des choses. Ce ciblage-là est préférable à une mesure générale sur le pouvoir d’achat, qui ne ferait que marquer davantage l’écart entre ceux qui sont surexposés aux conséquences immédiates de la crise et ceux qui, par leur statut, leur contrat ou leur spécialité, s’en trouvent à peu près préservés.

Pour en savoir plus

Insee, Note de conjoncture, décembre 2008.

www.insee.fr

Dares, « Premières Informations », Activité et conditions de la main-d’œuvre.

www.dares.gouv.fr

OCDE, Perspectives économiques de l’OCDE n° 84, novembre 2008.

www.oecd.org

OFCE, Lettre de l’OFCE n° 302, octobre 2008. www. ofce.sciences-po.fr/ pdf/lettres/302.pdf

Blog éconoclaste

http ://econoclaste.org.free.fr/dotclear