Un salarié est souvent le mieux placé pour comprendre les problèmes de son collègue de travail. Pour répondre à la loi de 2002 qui oblige les entreprises à prévenir le harcèlement moral, Coca-Cola a mis en place le plan « À l’écoute des salariés » afin de protéger ses collaborateurs, les managers – éventuellement mis en cause – et l’entreprise elle-même – responsable pénalement.

Quatre volontaires, spécialement formés aux techniques d’écoute – un manager, un employé, le responsable des ressources humai-nes local ainsi qu’un représentant du personnel –, servent de « relais d’écoute interne » sur chacun des 15 sites du groupe en France. Leurs photos et coordonnées sont affichées dans l’entreprise. « Nous choisissons des personnes reconnues pour leur ouverture d’esprit, vers qui les autres se tournent spontanément », explique Alain Mauriès, vice-président employee relations chez Coca-Cola Europe. « En un ou plusieurs rendez-vous, la victime doit pouvoir exsuder sa souffrance. Le relais d’écoute doit l’aider à réfléchir et à dresser un premier diagnostic sur un éventuel harcèlement », précise Philippe Bader, secrétaire du CE et relais d’écoute depuis quatre ans.

Mais ces salariés un peu particuliers ne prennent ni la place du CHSCT ni celle du harcelé. Ils n’ont pas de pouvoir d’enquête et ne jouent pas le rôle de conseil. C’est à la victime éventuelle de s’adresser à la DRH ou de saisir un DP.

La fonction demande subtilité et absolue confidentialité. Aucune trace écrite ne doit subsister d’un rendez-vous. Pour les salariés préférant l’anonymat le plus complet, le plan prévoit la possibilité d’une écoute externe auprès de l’association Astrée. En pratique, ces dispositifs sont peu utilisés, mais leur seule présence peut créer un climat de confiance dans l’entreprise.