Les maisons sont isolées. Les pièces, délabrées. D’humain, il n’y a que des traces. Ici, la peinture bleue écaillée de ce qui fut une chambre (ci-contre), là une vieille chemise de nuit ou un savon rongé par les insectes… Les photographies d’Eugène Richards suintent l’abandon et la précipitation des départs forcés. Elles montrent l’inexorable travail du temps, et des intempéries. L’ex-travailleur social devenu photographe documentaire a accompli des milliers de kilomètres sur les routes de campagne pour dénicher ces lieux. Cette méditation sur la fragilité des choses, son premier projet en couleurs à 64 ans, était attendue. Elle prend une autre dimension depuis que la crise pousse, par milliers, les Américains hors de leur maison.

Eugene Richards : The Blue Room.

Éd. Phaidon Press. 168 pages, 75 euros.