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Idées

Le paternalisme, ses joies… et son aliénation

Idées | Culture | publié le : 01.11.2008 | A. F.

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Le paternalisme, ses joies… et son aliénation

Crédit photo A. F.

François Caillat décortique avec brio l’organisation et le management de Bataville, en Lorraine. Admirable.

D’emblée, la voix off occupe l’espace, commentant les images comme on le ferait d’un album photo. Elle rappelle les raisons de la création de l’usine Bata, en 1932, dans une Lorraine sans tradition industrielle ni syndicale : « Je voulais façonner un homme nouveau, une cité idéale. » Elle explique l’organisation de la vie : la cité pour loger le personnel, les centres d’apprentissage, le stade pour fédérer, la fanfare des ouvriers pour distraire… Elle s’attendrit lorsque apparaissent à l’écran les ex-employées : « Elles sont épatantes, vous ne trouvez pas ? ! »

En mettant en scène Tomas Bata, l’industriel de la chaussure tchèque, François Caillat nous pousse au recul. Comme une dissonance dans ce monde presque parfait, « dont la finalité ultime restait la fabrication de la chaussure » (jusqu’à 2 000 paires par jour), rappelle l’agrégé de philosophie, à la tête de la collection « Cinéma documentaire » des éditions L’Harmattan. Pas besoin d’attendre la 81e minute : première critique du système par un ex-« Bataman », pour avoir compris l’aliénation. Ce premier documentaire est un coup de maître : au-delà de l’analyse réussie du paternalisme, il transgresse les codes du genre, mêlant images d’archives, reconstitution façon comédie musicale et humour à la Tati. Un bijou.

Bienvenue à Bataville, documentaire de François Caillat (90 minutes).

Sortie le 19 novembre.

Auteur

  • A. F.