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Éditorial

Attentisme et fatalisme

Éditorial | publié le : 01.11.2008 | Denis Boissard

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Attentisme et fatalisme

Crédit photo Denis Boissard

Brutale remontée du chômage, recul des ventes de logements, ralentissement de la consommation des ménages, reflux de l’intérim, nombre record de défaillances d’entreprises, multiplication des plans sociaux, moral des patrons de PME au plus bas depuis 1993… Ce n’est pas jouer les Cassandre que de constater la réalité des menaces de récession. L’économie réelle, les entreprises, leurs salariés, les jeunes et moins jeunes à la recherche d’un emploi risquent de payer au prix fort les errements spéculatifs des marchés financiers et la sévère contraction du crédit qui en découle.

Comme à chaque retournement de cycle, voilà les DRH contraints de mettre de côté leurs projets de développement pour se focaliser sur une tâche plus ingrate : maîtriser les coûts de main-d’œuvre. Pour les plus chanceux, il s’agira seulement de réduire la voilure en matière d’embauches. Mais les autres devront échafauder des plans de dégraissage. Beaucoup de PSE sont d’ailleurs déjà sur la table ou dans les tuyaux. Et, dans ce contexte, les politiques salariales seront forcément plus restrictives que prévu.

Faut-il, dès lors, craindre une crise, voire une explosion sociale, comme l’envisage Entreprise & Personnel dans un de ses scénarios de conjoncture sociale ? C’est peu vraisemblable. Si le mécontentement des salariés quant à leur niveau de vie est réel, l’emploi est repassé nettement en tête des préoccupations des Français, devant le pouvoir d’achat. En outre, la remontée du chômage comme le recul de l’inflation devraient logiquement contribuer à atténuer la vigueur des revendications salariales.

Pour l’heure, la dominante est plutôt à l’atonie et au fatalisme. Et il ne faut guère compter sur les organisations syndicales pour mobiliser. D’abord parce qu’elles sont absorbées par un calendrier très fourni de concertations et de négociations (GPEC, formation, assurance chômage…). Ensuite parce qu’elles sont focalisées sur le scrutin prud’homal du 3 décembre, aux résultats d’autant plus attendus que la réforme de la représentativité syndicale fait de l’audience électorale un critère déterminant de leur survie.

Hormis des mouvements localisés et ponctuels sur l’emploi, la conflictualité pourrait surtout provenir de l’extérieur de l’entreprise. Soit des salariés « protégés » : la RGPP qui bouscule les services de l’État, les suppressions de postes à l’Éducation nationale, la privatisation partielle de La Poste, la refonte de la carte hospitalière vont inévitablement susciter des poussées de fièvre catégorielles. Soit des exclus du marché du travail : rien n’ayant été vraiment réglé dans les quartiers dits sensibles, un nouvel embrasement des banlieues nous pend au nez, attisé par la crise et la désespérance des jeunes qui y habitent.

En réalité, le seul véritable danger qui guette l’entreprise, et ce n’est pas le moindre, c’est un désengagement croissant de ses salariés.

Auteur

  • Denis Boissard