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Les bonnes intentions rapidement oubliées

Dossier | publié le : 01.11.2008 |

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Les bonnes intentions rapidement oubliées

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L’insertion des personnes handicapées, l’égalité hommes-femmes ou la diversité reculent parmi les priorités des DRH. Paradoxalement, si le dialogue social reste un thème important pour nombre d’entre eux, ce n’est pas le cas des relations avec les syndicats.

Oubliées, les bonnes intentions ? En matière de responsabilité sociale, c’est à un véritable retournement que l’on assiste dans le baromètre 2008. Pour les DRH, la plupart des grandes thématiques qui fondent une politique de développement durable vont clairement passer à l’arrière-plan au cours des mois à venir. Est-ce la dégradation de la conjoncture, déjà perceptible lorsque les professionnels des RH ont répondu en mai et juin derniers, qui est à l’origine de ce revirement ? En tout cas, les priorités liées à la RSE sont en nette régression. Recul de 26 points sur l’insertion des handicapés, qui n’est plus citée comme priorité que par 37 % des DRH, de 23 points pour l’égalité hommes-femmes, évoquée par 39 % des personnes interrogées, de 15 points pour les politiques en faveur de la diversité et de l’intégration, jugées désormais prioritaires par une minorité des DRH (40 %).

« Les problèmes sur la diversité ou l’égalité hommes-femmes sont loin d’être résolus, même dans les entreprises ayant signé un engagement. Il serait dommage que les DRH ne s’impliquent pas à long terme », estime pourtant Yves Desjacques, DRH de Casino et président du Réseau national des entreprises au service de l’égalité des chances dans l’éducation. Il n’est guère plus tendre avec les politiques en faveur de l’insertion des personnes handicapées menées par les entreprises françaises : « Avec une moyenne de 3 % des effectifs employés, la présence de salariés handicapés dans les entreprises est pourtant loin d’atteindre le niveau légal. » Pour Jacques Igalens, responsable du département gestion des ressources humaines à l’IAE de Toulouse, « il est probable que ce recul général soit lié au durcissement des affaires. Mais la situation est paradoxale car les engagements avaient été pris sur un ton définitif les années précédentes ».

Une thématique sensible à la conjoncture. Même si le pourcentage de DRH qui estiment que leur entreprise s’investit dans le développement durable pour améliorer son image est en recul de 14 points, ils sont encore plus de la moitié (53 %) à en faire une question d’opportunité. « L’image d’une banque se joue probablement plus dans sa capacité à sortir indemne de la crise des subprimes », ajoute Jacques Igalens. Ce spécialiste de l’analyse des rapports sur le développement durable publiés par les entreprises admet que la sensibilité de cette thématique à la conjoncture est gênante mais, selon lui, « la pression reviendra tôt ou tard, car le développement durable n’est pas une mode passagère, c’est un vrai problème de fond ».

Alors que les revendications sociales, en particulier sur le pouvoir d’achat, ont émaillé les neuf premiers mois de l’année, les responsables des ressources humaines semblent relativement sereins. Certes, le pourcentage des personnes interrogées qui estiment que les rémunérations ne sont pas un sujet de discorde dans leur entreprise a diminué de 8 points par rapport à l’année dernière. Mais 57 % des DRH restent optimistes sur ce dossier. Et ils sont probablement plus nombreux aujourd’hui, avec la chute des indices boursiers et les inquiétudes sur l’emploi qu’elle a suscitées. Comme le fait remarquer Jacques Igalens « en période de difficultés économiques les conflits sociaux sont rares ».

Conditions de travail pointées. Près des trois quarts des DRH interrogés (71 %) considèrent également que l’appréciation des salariés concernant l’évolution des carrières est plutôt positive. Même opinion pour près des deux tiers (62 %) d’entre eux sur l’évolution des effectifs. « Je suis surprise par cet optimisme sur les effectifs. Les grandes restructurations sont derrière nous, mais la gestion des effectifs est serrée. Les conditions de travail et le stress constituent des sujets délicats dans de nombreuses entreprises », indique Marie-Agnès Debar, directrice du centre de compétences RH du Groupe Danone. D’ailleurs, 59 % des répondants pointent la charge et les conditions de travail comme un facteur défavorable au climat de leur entreprise. Et 55 % des DRH interrogés envisagent de mettre en place une enquête interne de climat social, un pourcentage en baisse de 7 points par rapport à 2007. Pour autant, une large majorité des professionnels interrogés fait état d’une baisse de la conflictualité (84 %), du nombre des incivilités (75 %), des litiges aux prud’hommes (64 %), du taux d’absentéisme (63 %). Plus des trois quarts (78 %) se félicitent aussi d’une augmentation du nombre d’accords signés dans leur entreprise.

Du côté du dialogue social, justement, les relations avec les syndicats sont une priorité pour à peine un DRH sur quatre (23 %), un score sans appel, en chute de 14 points par rapport à l’an dernier. Et un peu plus d’un tiers d’entre eux (38 %) considère que l’amélioration du dialogue social est un thème important (– 9 points par rapport à 2007). « Il ne faut pas oublier que le climat social dépend aussi du contexte local dans les pays d’implantation », relativise Marie-Agnès Debar. Près des trois quarts des entreprises composant le panel ont certes plus de 1 000 salariés, mais les plus de 5 000 n’en représentent que 40 %.

Parmi les grands thèmes de négociation, la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences s’installe dans le tiercé de tête, à côté des rémunérations (57 % de réponses) et d’un cocktail épargne salariale-protection sociale complémentaire (48 %). Alors que les entreprises étaient confrontées à l’obligation d’ouvrir des négociations sur la GPEC au plus tard le 20 janvier 2008, un gros tiers des DRH interrogés (39 %) indique avoir conclu un accord sur ce thème. Une progression de 11 points par rapport à l’an dernier. L’obligation légale semble donc en passe d’être partiellement remplie, puisque la moitié des responsables de ressources humaines indique être en cours de négociation sur la GPEC (13 points de moins qu’en 2007). Mais il y a fort à parier que ce sujet occupera encore le devant de la scène en 2009.

20 % des DRH considèrent qu’’améliorer le dialogue et préserver la paix sociale“ constituent des axes prioritaires

YVES DESJACQUES

DRH de Casino

“Un DRH sur deux estime que son entreprise doit transformer son organisation en profondeur dans les deux ans. Or il n’est pas possible d’accompagner une réorganisation sans un dialogue social nourri. D’autant plus que les conditions de son déroulement ont été totalement modifiées par la loi sur la représentativité syndicale, votée l’été dernier.”

Le climat social de mon entreprise est bon dans le domaine…

71 %

Des perspectives de carrière

62 %

De l’évolution des effectifs

57 %

Des rémunérations

47 %

Des restructurations

65 % des DRH estiment que leur entreprise s’implique dans le développement durable grâce à la conviction personnelle du dirigeant

JACQUES IGALENS

Responsable du département gestion des ressources humaines à l’IAE de Toulouse

“C’est moins que les années précédentes. Si les directions générales allègent la pression pour des raisons conjoncturelles, cela se traduira par une baisse des engagements sous forme de charte ou de label.”

En matière de responsabilité sociale, quelles sont vos priorités pour l’année à venir ?

55 %

Le suivi du climat social interne

40 %

La mise en place de politiques de diversité/intégration

39 %

L’égalité hommes-femmes

38 %

L’amélioration des conditions de travail

37 %

L’insertion des personnes handicapées

35 %

L’embauche des jeunes