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Deux éclairages étrangers

Dossier | publié le : 01.09.2008 |

Si les entreprises allemandes contribuent plus que dans la moyenne des pays de l’OCDE à la recherche universitaire, l’amélioration des relations avec l’enseignement supérieur reste un sujet d’actualité. Aux États-Unis, en revanche, la proximité est ancrée dans les mœurs.

ÉTATS-UNIS

Une tradition de financements privés et de fondations

Qu’elles soient privées ou publiques, les universités américaines peuvent recevoir des financements du gouvernement fédéral, des États ou des instances locales pour leur fonctionnement, mais ces sommes restent minoritaires : c’est surtout du privé qu’elles tirent leurs fonds. Ceux-ci proviennent de deux grandes sources : les fundraisings – campagnes de levées de fonds – et les endowment funds – fonds de dotation – placés en Bourse sous forme d’actions et d’obligations, dont un petit pourcentage et les intérêts servent à financer le budget de fonctionnement de l’établissement. Dans les deux cas, ce sont les dons des particuliers – notamment des anciens élèves, souvent très impliqués dans la vie de leur ancienne école –, des entreprises et des fondations qui leur permettent d’accorder des bourses aux étudiants, de payer les professeurs ou d’assurer la maintenance des locaux.

La tradition est vieille : en 1669, déjà, 10 riches négociants s’engageaient à assurer pour sept ans de suite un revenu à Harvard, fondée une trentaine d’années plus tôt ! De nos jours, les sommes levées sont énormes. Harvard, la plus riche des universités américaines devant Yale, dispose d’un endowment de près de 35 milliards de dollars grâce à quelque 10 800 fondations. Cet argent est géré et placé de manière toute professionnelle par sa filiale financière, la Harvard Management Company. Au total, 76 universités, dont les fameux MIT ou Dartmouth College, bénéficient de plus de 1 milliard de dollars de capital financier.

Ce sont moins les entreprises à proprement parler qui donnent que les fondations, créées parfois par des entrepreneurs. Ainsi ce n’est pas Microsoft mais la fondation de Bill et Melinda Gates qui a versé 20 millions de dollars sur les 50 millions nécessaires à la construction d’un nouveau complexe informatique à la Carnegie Mellon University. Le bâtiment s’appellera le Gates Center for Computer Science sans que personne n’y trouve rien à redire. Les fondations Ford ou Rockefeller continuent aussi d’être très présentes, notamment via les bourses qu’elles accordent aux étudiants, en particulier issus des minorités.

Cet engagement des hommes d’affaires ne les empêche pas de se montrer souvent critiques par rapport à la capacité du système universitaire à répondre à leurs besoins. Les Walt Disney, Boeing et autres Motorola ont donc fondé leur propre corporate university – en fait de vastes centres de formation de leur main-d’œuvre. La plus connue est sans doute la Hamburger University, près de Chicago, où McDonald’s forme chaque année 5 000 salariés !

Isabelle Lesniak, à New York

ALLEMAGNE

Le souci de développer les coopérations

Le cœur du cluster Metakus est une halle de 1 700 mètres carrés construite au centre de l’Allemagne. Mais son corps est un réseau qui s’étend sur tout le nord du Land de Hesse. Animé par l’université de Kassel, Metakus est un nouveau pôle de compétitivité inauguré début 2008 et spécialisé dans le façonnage métallique. Financé à hauteur de 1,2 million d’euros par la région et de 4 millions d’euros par le privé, il regroupe des entreprises comme Daimler, Volkswagen, le groupe Hubner (matériel de transport) ou encore Georgsmarienhutte GmbH, un gros producteur d’acier. « Ce sera un phare qui permettra de voir notre région de loin », déclarait avec emphase Roland Koch, ministre-président du Land, lors de l’inauguration. « C’est un projet qui place l’université au centre de la restructuration de l’industrie régionale et la transforme en centre d’innovation, de formation et de transfert de savoir-faire », se réjouit le Pr Rolf-Dieter Postlep, président de l’université.

Poussée par la concurrence économique et technologique mondiale, l’Allemagne s’emploie elle aussi à développer la coopération université-entreprise. Actuellement, le Stifterverband (fédération nationale des fondations d’entreprises) regroupe 406 fondations qui financent durablement chaires et projets de recherche universitaire. En 2007, 14 % du financement de la recherche universitaire allemande étaient assurés par les entreprises, contre environ 8 % en 1991 : « En volume, l’Allemagne est au-dessus de la moyenne des pays de l’OCDE (6 %), mais la qualité de la relation entreprise-université laisse encore à désirer », note le Stifterverband.

Outre-Rhin, les vrais acteurs de la coopération sont les régions, les universités et les entreprises, mais c’est l’État fédéral qui donne les impulsions. En 2007, le ministère de l’Éducation et de la Recherche a lancé un concours doté d’un volume de financement de 600 millions d’euros pour sélectionner les meilleurs pôles de compétitivité. Parallèlement, le programme fédéral « processus d’échanges » accompagne la création de partenariats privé-public : « Il y a aussi un gros effort à faire pour l’employabilité des étudiants », précise Irene Seling, spécialiste de la question au Medef allemand (BDA). Précisément, dans les universités allemandes, une centaine de career centers essaient d’améliorer l’entrée dans le monde du travail. Mais les moyens restent insuffisants : « Il faut que les universités comprennent mieux les besoins des entreprises et que les relations soient durables », estime Mme Seling : « Prenez les nouveaux diplômes de bachelor et de master. Grâce à eux, les étudiants font plus de stages. Mais ces stages ne durent que quatre à cinq semaines là où il faudrait une immersion de plusieurs mois, critique-t-elle. En fait, beaucoup d’universités n’ont pas voulu réformer le contenu théorique des anciens cursus et préfèrent rogner sur la pratique. »

Thomas Schnee, à Berlin