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Repères

La querelle des anciens et des modernes

Repères | Éditorial | publié le : 01.04.2008 | Denis Boissard

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La querelle des anciens et des modernes

Crédit photo Denis Boissard

Après les noms d’oiseau, c’est apparemment l’heure sinon de la réconciliation, du moins de la trêve au sein du ménage Medef-UIMM.

Créée au début des années 70 pour aider financièrement les firmes en butte à des conflits sociaux, l’Epim n’est pas en soi plus condamnable que la Cnas dont s’est dotée à la même époque la CFDT pour soutenir les salariés en grève. Ce qui l’est, c’est l’utilisation du trésor de guerre ainsi accumulé pour, semble-t-il, financer de façon occulte syndicats et partis politiques amis, voire pour distribuer des enveloppes de la main à la main à des syndicalistes ou des parlementaires compréhensifs. Des pratiques datées, issues de la guerre froide et de la lutte alors menée par le patronat contre l’influence marxiste au sein du monde politique et du mouvement syndical. Faute de transparence sur les bénéficiaires de ces largesses, cette « fluidification du dialogue social » aux relents malodorants de corruption jette rétrospectivement le discrédit sur certains accords de la métallurgie très favorables aux intérêts patronaux ou sur certains amendements fournis clés en main à des députés et sénateurs zélés pour faire barrage à des projets législatifs.

Autre pratique inexcusable : le versement, grâce à ce magot, de primes en liquide, au noir, à des permanents de l’UIMM, par une organisation qui devrait être irréprochable puisqu’elle préside l’Unedic, l’Agirc ou l’Acoss, organismes paritaires financés par des cotisations salariales. L’erreur de DGS, c’est, avec l’encouragement bienveillant de grands anciens de l’UIMM, d’avoir perpétué ces agissements douteux, sans comprendre qu’ils n’étaient plus de mise dans un contexte qui a profondément changé depuis la chute du mur de Berlin et la moralisation du financement des partis politiques.

Soucieuse de redorer l’image du patronat et, par-delà, celle de l’entreprise, Laurence Parisot a parfaitement raison de vouloir tourner la page. Mais son acharnement à faire rendre gorge à l’UIMM, en exigeant notamment que celle-ci lui remette tous ses mandats, est choquant. C’est oublier un peu vite tout ce que le Medef – et avant lui le CNPF – doit à la métallurgie : si cette fédération joue depuis des décennies un rôle majeur dans la négociation interprofessionnelle et la gestion paritaire, c’est grâce à un professionnalisme indéniable et faute d’une implication suffisante des autres fédérations. Par ailleurs, au-delà des querelles de personnes et des enjeux de pouvoir, on aimerait voir aborder les questions de fond : quelle place pour la branche dans la régulation sociale, dès lors que serait admise l’adhésion directe des entreprises au Medef ? Quelle place aussi pour un paritarisme souvent décrié, dont un État impécunieux lorgne de plus en plus ouvertement les fonds (l’assurance chômage aujourd’hui, la formation professionnelle demain) ? La volonté de modernité ne doit pas conduire à jeter le bébé avec l’eau du bain.

Auteur

  • Denis Boissard