Une fois encore, la revue montre qu’elle est sans équivalent pour traiter de l’actualité du droit social, en consacrant un numéro à l’accord du 11 janvier 2008 sur la « modernisation du marché du travail ». Le professeur François Gaudu défend l’idée que cet accord a une vraie dimension « donnant-donnant » dans la mesure où le patronat a accepté, en contrepartie de progrès sur la « séparation à l’amiable », de conforter le contrat à durée indéterminée, s’éloignant de ce fait des thèses favorables au « contrat unique ». Pour Alain Rey, l’accord « est plus intéressant par sa méthode que par son contenu ». Le professeur de Paris I estime que la vraie modernisation sociale passe par le changement des règles sur la représentativité et le dialogue social actuellement en discussion.

Que reste-t-il de l’éthique quand elle passe à la moulinette de l’entreprise ? La revue des jésuites a posé la question à un des critiques les plus incisifs de l’entrée en force de l’éthique dans le discours managérial, Jean-Pierre Le Goff. « Il n’y a pas de ligne droite entre l’éthique individuelle, la relation de personne à personne et la collectivité de travail qu’est l’entreprise », estime le sociologue. Faire le bien aux gens malgré eux, rappelle-t-il, « c’est la voie ouverte au despotisme. L’éthique peut alors devenir une sorte de machine de guerre contre le droit du travail, le cheval de Troie à l’intensification de la pression exercée sur le travailleur ».

Annick Steta a lu pour la revue le livre du Prix Nobel de la paix Muhammad Yunus Vers un nouveau capitalisme. Elle en tire quelques réflexions sur le phénomène du microbusiness, qui s’est diffusé dans le monde entier en l’espace de trente ans, avec pour corollaire ce qu’elle baptise le « social business ». Exemple : le joint-venture fondé en 2006 par Grameen et Danone pour commercialiser un yaourt enrichi en nutriments essentiels à la santé des enfants. Toute l’action de Yunus, souligne l’auteur, « se fonde sur les capacités dont disposent les individus, non sur celles qu’il leur faudrait acquérir avant de pouvoir devenir les acteurs de leur propre développement ».

La revue tire une nouvelle fois la sonnette d’alarme sur les retraites, qui vont faire l’objet d’une renégociation en 2008. Hugues de Jouvenel appelle à repenser l’ensemble du système de protection sociale compte tenu de l’évolution démographique, de l’évolution de l’emploi et de celle de la croissance. Futuribles s’attarde sur le livre de Claudine Attias-Donfut, l’Enracinement, qui décrit le cycle de vie et le vieillissement de ceux qui ont immigré en France. Un peu plus d’un quart des retraités et des actifs estiment jouir d’une situation aisée, alors qu’un peu plus des deux tiers des immigrés retraités disent vivre dans des situations moyennes ou difficiles. Ce qui n’empêche pas l’auteur de rappeler que la retraite est un facteur d’intégration pour la population immigrée en France.