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La bête noire des patrons à la rescousse des Miko

Actu | Eux | publié le : 01.03.2008 | Anne-Cécile Geoffroy

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La bête noire des patrons à la rescousse des Miko

Crédit photo Anne-Cécile Geoffroy

Les Miko de l’usine de Saint-Dizier l’ont appelé à la rescousse, à la mi-janvier. La CGT d’ArcelorMittal, à Gandrange, a fait de même dès l’annonce de la fermeture programmée du site. Car l’avocat messin Ralph Blindauer a la réputation d’être la bête noire des employeurs indélicats. En Lorraine, le patronat local le surnomme le « baron rouge ». Rouge, parce qu’il n’a jamais caché son engagement au Parti communiste. Baron ? « Là, je n’ai jamais eu d’explication très claire », relève, amusé, l’intéressé. Ironie du sort, Ralph Blindauer n’aurait jamais dû enfiler la robe noire. « Après le bac, je pensais faire de l’histoire. C’est mon père, un ouvrier sidérurgiste cégétiste et communiste, qui m’a inscrit en droit d’autorité. À l’époque, je n’ai pas osé m’y opposer. » Depuis, l’historien contrarié a fait de la précarité son cheval de bataille. Avec succès. À son tableau de chasse, les 200 intérimaires de Peugeot dont le contrat de travail a été requalifié en CDI courant 2004. Auparavant, il avait épinglé la Sovab, une filiale de Renault, pour les mêmes motifs. En 2004 encore, il a mené la fronde des salariés de Ronal, une usine de jantes menacée de délocalisation en Pologne. « Les patrons avaient monté une faillite frauduleuse. J’ai démonté leur belle mécanique », se souvient l’avocat. Tenace, il avait emmené les salariés à Wroclaw pour y faire le siège du site Polonais. « À l’époque, j’ai convaincu Solidarnosc d’organiser une conférence de presse commune sur le dumping social. » Pas évident en Pologne, quand on se réclame du PC.

Avec les dossiers d’ArcelorMittal ou de Miko, la même volonté anime l’avocat. Pas question de baisser les bras sans se battre. Loin de s’enfermer dans son bureau, l’avocat arpente le terrain. « On ne peut pas uniquement tenir un raisonnement juridique, il faut comprendre le sens du combat social des salariés. » Sur le siège arrière de sa voiture, un mégaphone, « cadeau de la fête des Pères », lui permet de prendre la parole devant les salariés qu’il défend. À Gandrange, il veut « torpiller » l’accord de méthode qui encadre les discussions autour de la fermeture du site. « Les organisations syndicales sont pieds et poings liés. Aucune action en justice n’est envisageable ! » Pour Miko, Ralph Blindauer veut porter le conflit social au niveau européen et négocier directement avec la direction d’Unilever. « Je suis fan, même si l’adversaire est redoutable, avoue une avocate de la partie adverse. L’homme est très cultivé, d’une grande confraternité. Il serait parfait s’il ne montait pas systématiquement des contentieux au pénal. »

RALPH BLINDAUER

Avocat.

ÂGE

53 ans.

1980

Prête serment.

1987

Fait condamner en correctionnelle un mandataire judiciaire qui n’avait pas versé les indemnités d’une centaine de salariés d’une entreprise en redressement judiciaire.

2004

Arrêt Sovab.

Pascal Bastien

Auteur

  • Anne-Cécile Geoffroy