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Idées

La politique de la compassion

Idées | Livres | publié le : 01.02.2008 |

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La politique de la compassion

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L’Homme compassionnel, Myriam Revault d’Allonnes. Éditions Seuil. 103 pages, 10 euros.

La philosophe Myriam Revault d’Allonnes s’interroge dans ce petit livre, très enlevé, sur la montée du « zèle compatissant ». Ce qui pose question, c’est la façon dont le souci compassionnel a pu investir le champ du politique. Le vocabulaire de la lutte des classes, constate l’essayiste, a laissé place à celui de l’insécurité et de la protection ; on préfère parler de fracture que de conflits, tandis que l’affrontement idéologique s’est dissous dans l’unanimisme émotionnel qu’entretient la mise en spectacle de la souffrance ou de la misère sociales. Selon l’auteur, ce phénomène « accompagne la fin des Trente Glorieuses, la montée du chômage, les difficultés de l’emploi, les précarisations croissantes qui créent de nouvelles vulnérabilités et font apparaître des profils inédits de populations démunies ».

Toutefois, le but de cet essai est d’analyser les implications de ce triomphe apparent de la « politique de la pitié ». Le risque est que cet envahissement de la compassion, indiscutablement lié aux « avatars de la politique spectacle », accroisse la passivité des individus. Il est aussi que l’urgence sociale relègue à l’arrière-plan l’importance d’avoir une politique sociale. Pour éclairer son propos, la professeur de l’École pratique des hautes études rappelle la distinction entre le « devoir d’urgence », qui est « d’arracher les misérables à la misère », et le « devoir de convenance », visant à « répartir également les biens ». Le discours compassionnel est en fait plus une technique de conquête du pouvoir que l’axe d’une politique. Pour Myriam Revault d’Allonnes, cela induit des types d’action privilégiant l’émotionnel au détriment d’une démarche politique de long terme.