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Idées

L’envers du miracle britannique

Idées | Culture | publié le : 01.01.2008 | Sandrine Foulon

Le nouveau Ken Loach s’attaque à l’exploitation des travailleurs journaliers des pays de l’Est.

On rit de moins en moins dans les films de Ken Loach. L’humour grinçant qui traversait ses films précédents, The Navigators ou Raining Stones, s’est tari avec It’s a Free World, sa dernière critique sociale. Le sujet, il est vrai, ne s’y prête guère. Ce film coup de poing s’attaque aux agences de recrutement britanniques en quête de bras, de préférence polonais, ukrainiens, irakiens…, taillables à merci pour espérer toucher un salaire à la fin de la journée. Autant d’immigrés, avec ou sans papiers, prêts à enfourner le charbon qui alimente le miracle économique britannique. Mais, plutôt que de s’appesantir sur « cent cinquante ans ans de syndicalisme et de progrès social brusquement partis en fumée », selon l’expression de Paul Laverty, le génial scénariste de Loach, le duo a préféré dénoncer cette évolution au travers de la figure d’Angie. Virée d’une agence de recrutement, elle décide d’en monter une avec sa colocataire. À 30 ans et autant de jobs différents, elle veut croquer sa part du gâteau. Quitte à flirter avec l’illégalité. Toute la réussite de ce film tient dans l’ambiguïté de ce personnage à la fois généreux et égoïste, capable du pire comme du meilleur pour éviter de finir « seule, vieille et pauvre ». It’s a Free World évite ainsi tout manichéisme mais nous laisse tous dans l’impasse. Un fatalisme dur à avaler.

It’s a Free World, film de Ken Loach. Sortie en salles le 2 janvier 2008.

Auteur

  • Sandrine Foulon