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Idées

La France des idées reçues

Idées | Livres | publié le : 01.01.2008 | H. G.

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La France des idées reçues

Crédit photo H. G.

Sommes-nous des paresseux ? Et trente autres questions sur la France et les Français, Guillaume Duval. Éditions Seuil. 234 pages, 15 euros.

À force d’entendre rabâché le slogan de Nicolas Sarkozy – « travailler plus pour gagner plus » –, Guillaume Duval s’est dit qu’il était temps de voir ce que cachaient ces fausses évidences dont nous abreuvent les médias et la classe politique quand il s’agit de questions mêlant le social à l’économique. Une réaction salutaire qui lui permet de se livrer à un massacre d’idées reçues en répondant à 30 interrogations dans l’air du temps. La première a donné son titre à l’ouvrage : « Sommes-nous paresseux ? » Force statistiques en main, l’auteur rappelle qu’une personne produit en moyenne 73 400 dollars de richesse en France, plus que les Anglais, les Allemands ou les Japonais ; que nos compatriotes, selon Eurostat, disent travailler en moyenne 35,3 heures par semaine, plus qu’au Danemark, en Allemagne et même qu’en Grande-Bretagne ; que l’on travaille plus que partout ailleurs dans notre pays entre 25 et 54 ans, le problème du sous-emploi se posant avant ou après ces deux bornes de la vie active. Provocant, il remarque que « pour remédier à ce déséquilibre, et donc faire en sorte que les Français travaillent effectivement plus longtemps dans leur vie, un des moyens les plus efficaces consiste… à réduire le temps de travail des 25-54 ans ».

Ce début en fanfare donne le ton de l’ouvrage. Une agréable façon de réviser ses fondamentaux sur les sujets qui occuperont encore 2008. Il en va ainsi du pouvoir d’achat, Guillaume Duval expliquant pourquoi on peut mettre en doute les statistiques officielles selon lesquelles il n’aurait cessé de progresser au cours des dernières années. Un chapitre est consacré au smic, en partant d’une question qui met le doigt sur la vraie bizarrerie française : « Pourquoi y a-t-il tant de smicards en France ? » Le rédacteur en chef d’Alternatives économiques y voit un effet pervers de la politique d’allégement des charges sur les plus basses rémunérations, menée depuis plusieurs années pour combattre le chômage des non-qualifiés, qui n’a pas résolu le problème mais a créé une véritable « trappe à bas salaires ».

Certes, Guillaume Duval adopte, sans s’en cacher, un système de référence clairement situé à gauche. Mais chacun de ses diagnostics est une invitation à poursuivre l’analyse et la discussion. C’est aussi un message qui amène à prendre un peu de recul. Les cartes sont dans nos mains, semble dire Guillaume Duval, et la meilleure façon de ne pas les gâcher, c’est de ne pas se raconter d’histoires.

Auteur

  • H. G.