En vedette dans ce numéro, la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences, connue des professionnels sous ses initiales, GPEC. Ce n’est pas à l’origine un objet de droit, rappelle Françoise Favennec-Héry, professeur à Assas, mais cet outil de gestion d’entreprise traverse l’espace du droit du travail, et ses rapports avec le licenciement économique posent de multiples problèmes juridiques. Par ailleurs, l’importance du rôle de la mobilité professionnelle dans cette démarche renvoie à un sujet qui occupe tous les spécialistes : celui de la « sécurisation des parcours professionnels ». Le professeur Jacques Igalens remet la notion de GPEC en perspective, retrace ses origines et précise ses contours tout en s’interrogeant sur ses avantages et ses inconvénients en matière de gestion du personnel. Deux monographies, sur la pratique de la GPEC chez Thales et Areva, complètent l’ensemble.
La revue s’est intéressée à la problématique du financement de la protection sociale. Deux consultants s’interrogent sur ce que pourrait être la réaction des entreprises à la mise en place d’une TVA sociale et contestent qu’il s’agisse là d’un prélèvement « antisocial ». Mais leur étude est surtout destinée à mesurer le caractère inflationniste ou déflationniste de l’impact d’une telle taxe sur les prix. Au total, ils ne voient que des avantages à un tel transfert de charges du financement de la protection sociale.
Est-il possible d’améliorer la flexibilité du marché du travail tout en réduisant les risques pour les salariés ? se demande la dernière livraison de la revue. Pour Patrick Artus, la flexibilité influe sur la nature de la croissance, favorisant l’innovation et le développement des nouvelles technologies, plus que sur son niveau, ce qui veut dire qu’elle a peu d’impact direct sur l’emploi. Vincent Champain met l’importance du chômage sur le compte de notre incapacité à gérer efficacement ce risque. Pierre Cahuc et André Zylberberg reviennent sur la question de la sécurisation des parcours professionnels. Et continuent à défendre leur idée, très controversée, d’un contrat de travail unique à durée indéterminée qui s’accompagnerait de la suppression de tous les statuts d’emplois précaires.
Directeur d’études à Entreprise & Personnel, Jean-Marc Le Gall analyse dans la revue des jésuites la mutation française, dont le style de Nicolas Sarkozy serait le symptôme, et s’interroge sur sa vraie profondeur. Beaucoup de chantiers ont été ouverts, mais l’auteur constate que le dialogue social reste toujours aussi difficile, du fait du doute persistant sur la représentativité des organisations syndicales et patronales. Conclusion – prémonitoire – de l’auteur : « L’occasion est donnée à Nicolas Sarkozy de mettre son habileté au service du projet de revivifier les organisations syndicales. »
