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Idées

Histoire du mérite

Idées | Livres | publié le : 01.12.2007 |

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Histoire du mérite

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Le Mérite et la République. Essai sur la société des émules, Olivier Ihl. Éditions Gallimard, collection « NRF Essais ». 500 pages, 25 euros.

Ce livre nous propose de refaire le parcours qui conduit du Moyen Âge, où la rémission des péchés et des peines appartenait à l’ordre divin, jusqu’à nos sociétés méritocratiques, où la science du management est étroitement associée à la récompense de la performance. « Dans la littérature managériale, souligne l’auteur, quelles que soient les variantes ou les stratégies proposées, récompenser est le moyen de fabriquer des interprètes fidèles des objectifs directoriaux, de créer aux échelons intermédiaires des auxiliaires efficaces. » Cette logique de la récompense n’a pas toujours obéi au critère du mérite. Ce n’est qu’au XVIIIe siècle que l’on voit émerger le projet de reconnaître le mérite par le « jugement public ». Un nouvel art de gouverner se met en place, qui repose sur un triptyque ainsi défini par l’auteur : « Rendre autonome le social, faire de l’estime publique le fondement de la valeur, faire de la concurrence une émulation. » Sans ce nouveau mécanisme de gestion des hommes, Olivier Ihl affirme que « l’économie de marché n’aurait pu s’imposer ». Le XIXe siècle sera celui de la « démocratisation du mérite » : en 1912, on recensait 1,7 million de décorés d’État. Désireuses de se distinguer du prolétariat, les classes moyennes sont friandes de ces blasons bourgeois. L’auteur consacre un développement au débat sur la « rémunération au mérite » qui occupe la fonction publique aujourd’hui. Le problème auquel se heurtent les fonctionnaires est le même que partout ailleurs : derrière la technique d’ingénierie de gouvernement que se veut le management honorifique reste posée la question de la philosophie du mérite. Qui s’arroge le pouvoir de l’imposer, à quel domaine et pour qui ?