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Repères

Retour de Chine

Repères | Éditorial | publié le : 01.11.2007 | Denis Boissard

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Retour de Chine

Crédit photo Denis Boissard

Le rituel immuable du 17e congrès du Parti communiste chinois – la grand-messe quinquennale du parti unique qui, dans le huis clos du très stalinien Palais du peuple de la place Tiananmen, vient de reconduire à sa tête le président Hu Jintao – ne doit pas occulter l’essentiel : les dirigeants chinois sont en train de faire subir un virage crucial à la quatrième puissance économique du monde.

Si quinze années de croissance débridée ont favorisé l’émergence d’une classe moyenne et permis de sortir un quart de la population chinoise de la pauvreté, elles ont également produit de dramatiques dégâts collatéraux : pollution massive de l’eau, de l’air et des sols ; inégalités sociales croissantes, d’abord entre les villes et les campagnes, mais aussi d’une province à l’autre. Résultat : les émeutes se multiplient dans tout le pays. Grèves ouvrières, affrontements suite à des accidents dans les mines, protestations de retraités et de chômeurs, révoltes de petits paysans, résistances à des mesures d’expulsion… quelque 80 000 conflits seraient enregistrés chaque année. Convaincu que la croissance à tous crins, encouragée par son prédécesseur Jiang Zeming sur le thème « enrichissez-vous ! », devient une menace pour la survie du PCC, Hu Jintao veut promouvoir l’« harmonie sociale ». Un thème qu’il a martelé tout au long de son discours fleuve à l’ouverture du congrès, en mettant l’accent sur la nécessité de corriger les impacts négatifs de la croissance sur le tissu social et l’environnement.

Cette volonté de réguler la croissance n’est pas qu’un vœu pieux. Elle s’est traduite en 2007 par l’adoption de tout un train de mesures législatives visant notamment à renforcer les niveaux d’exigence en matière d’environnement, de santé et sécurité. Dans le domaine social, la réforme la plus spectaculaire est l’entrée en vigueur au 1er janvier 2008 d’une loi sur les contrats de travail, très proche des standards en vigueur au sein de la vieille Europe, qui vise clairement à protéger les salariés contre les pratiques abusives de nombre d’employeurs : nécessité d’un contrat écrit sous peine de requalification en CDI ; réglementation du travail à temps partiel ; encadrement plus strict du recours aux CDD et au travail temporaire, des licenciements, des clauses de non-concurrence et de dédit-formation ; obligation de rédiger un règlement intérieur, de constituer une instance de représentation du personnel dans chaque entreprise, consultée sur toute question « ayant un impact sur les intérêts des travailleurs », et de négocier avec le syndicat un contrat collectif d’entreprise portant notamment sur les salaires, les horaires de travail, l’hygiène et la sécurité…

La mise en œuvre de cette loi prendra du temps, mais son adoption est une excellente nouvelle pour les salariés chinois et, au-delà, pour leurs homologues occidentaux, notamment ceux menacés par des délocalisations vers les pays à bas coût de main-d’œuvre.

Auteur

  • Denis Boissard