Le musée consacré à l’immigration éclaire deux cents ans d’histoire à travers rappels historiques, expressions artistiques, témoignages individuels et collectifs.
Chargée, surchargée, presque ensevelie sous les bagages : voici une des « voitures-cathédrales », selon l’expression des dockers marseillais, attendant le départ sur les quais. Une « matérialisation du concept de frontière » pour le photographe Thomas Mailaender qui en a saisi plusieurs sur fond blanc comme « coincées dans le temps du transit ». Il figure en bonne place de l’exposition permanente de la Cité nationale de l’histoire de l’immigration, qui mêle interprétations artistiques, témoignages et éléments de contexte sociohistorique afin d’éclairer deux cents ans d’histoire de l’immigration.
Pour faire comprendre les raisons du départ, les photos d’Olivier Jobard, carnet de route, d’un clandestin camerounais côtoient des objets du quotidien (un moulin à café pour la future maison, une couverture pour braver le froid) rapportés d’Italie, du Maghreb ou d’ailleurs. Pour rappeler les difficultés d’intégration, les différentes lois sur l’immigration sont retracées, mais placées en regard de caricatures du début du XXe siècle ou de dessins de Plantu illustrant le racisme récurrent.
Chacun des sept chapitres (« Émigrer », « Lieux de vie, « Au travail », etc.) articule, avec succès, histoires collectives et individuelles. Particulièrement marquants, les portraits de résidents en foyer d’Hamid Debarrah, suggérant par la présentation en diptyque (tirages positifs et négatifs) des hommes partagés entre deux mondes. L’exposition laisse même un goût de trop peu. D’ici à 2009, un auditorium et une médiathèque enrichiront ce projet initié sous Lionel Jospin et ouvert sans faste par le gouvernement de François Fillon.
Cité nationale de l’histoire de l’immigration, Paris XIIe. Gratuit le premier dimanche de chaque mois.
