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Idées

Mérite et égalité des chances

Idées | Livres | publié le : 01.10.2007 | H.G.

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Mérite et égalité des chances

Crédit photo H.G.

Repenser l’égalité des chances, Patrick Savidan. Éditions Grasset. 330 pages, 20,90 euros.

Les échecs de l’État providence face aux défis de la mondialisation, le renforcement des communautarismes, l’individualisation des enjeux sociétaux : tous ces facteurs ont révolutionné l’approche de la question de l’égalité. Ils expliquent en partie « cette montée en puissance du thème de l’égalité civile et politique au détriment de l’égalisation économique et culturelle », que le philosophe Patrick Savidan met en exergue pour la dénoncer. Nos contemporains semblent avoir fait leur deuil d’une idée ancrée dans la culture du pays depuis la Révolution française selon laquelle la démocratisation s’accompagnerait fatalement d’une égalisation des conditions économiques et sociales de la citoyenneté. Mais le vaste mouvement de réduction des inégalités et d’amélioration du niveau de vie semble s’être tari avec la fin des Trente Glorieuses. Et, parallèlement, la croyance dans l’efficacité de l’action de l’État et du service public pour assurer cette « égalité citoyenne » traverse une crise profonde depuis la fin du xxe siècle. Même pour les chercheurs en sciences sociales, « la tentation est donc grande de s’investir dans les domaines mieux balisés de l’égalité civile et politique » plutôt que dans celui plus vaste et plus ambitieux de l’égalité des chances. Désormais, le thème des discriminations tend à se substituer, dans les politiques publiques, à celui des inégalités.

S’il s’inscrit en faux contre cette évolution, Patrick Savidan reconnaît que la problématique de la justice sociale se pose aujourd’hui sous une lumière nouvelle. Désireux de réhabiliter la notion d’égalité des chances, il estime qu’elle passe par une reformulation de l’idée du mérite. L’auteur prône l’abandon d’une approche trop moraliste et individuelle du mérite pour une démarche plus institutionnelle et collective. « La richesse est produite grâce à un certain contexte institutionnel et naturel qui ne doit pas grand-chose à chacun d’entre nous pris individuellement », observe-t-il. Les superrémunérations des P-DG ne récompensent pas que leur seul mérite. En conclusion, il faut plus que jamais s’attaquer aux écarts trop criants entre gagnants et perdants, combattre la trop forte concentration des richesses des moyens de production et du capital humain. Ce qui suppose que les politiques privilégiant l’égalité des chances se donnent comme priorité la cohésion sociale, par rapport à la seule exaltation de la récompense des mérites individuels.

Auteur

  • H.G.