En confirmant la remise en cause d’un licenciement non motivé d’un salarié bénéficiant d’un CNE, la cour d’appel de Paris a provoqué beaucoup d’émotion dans les milieux patronaux. Comme le souligne le professeur Emmanuel Dockès, les juges n’ont pas hésité à rejeter une logique, celle qui voudrait que la défense de l’emploi passe par la précarité. L’auteur défend ce parti pris audacieux et va même jusqu’à affirmer que « cette chute du CNE ne sera pas sans effet sur les débats en cours relatifs au contrat de travail unique ». Quatre économistes de l’OFCE livrent aussi leurs réflexions sur l’éventuelle instauration d’une contribution sur la valeur ajoutée. Une « aventure fiscale complexe », selon eux, pour un résultat somme toute limité, puisque, au mieux, « ce sont 130 000 emplois en plus que l’on peut attendre ».
Chef de département au Centre d’analyse stratégique, le professeur Julien Damon tente de définir la notion de « travailleur pauvre », ce qui n’est pas simple, car il n’y a pas de correspondance univoque entre le fait d’être un travailleur à bas salaire et celui d’être un travailleur pauvre. Le chercheur constate qu’entre 1996 et 2004, au moment où la thématique de la « pauvreté active » prenait une place croissante dans le débat public, le nombre et la proportion des travailleurs pauvres avaient plutôt diminué. Ils seraient près de 1,4 million aujourd’hui, contre 1,6 million en 1996. Julien Damon plaide pour une réorganisation en profondeur de la protection sociale afin de répondre à ce défi, à partir d’avancées structurantes comme le revenu de solidarité active cher à Martin Hirsch.
La revue ouvre ses colonnes à un expert du ministère de l’Emploi sur le thème de la sécurisation des parcours professionnels. Patrick Butor regrette qu’après le choix historique de la monnaie unique « aucune stratégie économique et sociale n’ait été mise en place pour permettre aux Français et à la France d’affronter cette course aux qualifications, aux compétences et à l’innovation qu’implique une politique de monnaie solide et donc chère ». Le directeur de la population et des migrations prône donc une politique résolue en la matière, sans avancer des pistes de mesures et de méthodes.
Parue juste avant l’été, la revue du Centre d’analyse stratégique mérite d’être lue même avec un peu de retard. On y trouvera un dossier de référence sur « les jeunes dans une société vieillissante ». Parmi les « pépites » de ce numéro, une étude de l’évolution des valeurs des jeunes depuis une trentaine d’années, des enquêtes comparatives sur l’insertion des jeunes adultes en France, au Danemark, en Allemagne et en Italie, ainsi qu’un débat sur l’état des rapports intergénérationnels en France.
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