logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Repères

Un peu d’audace, camarades !

Repères | Éditorial | publié le : 01.09.2007 | Denis Boissard

Image

Un peu d’audace, camarades !

Crédit photo Denis Boissard

Rentrée sociale chargée. Après le vote tout début août de la loi allégeant les charges sociales et fiscales sur les heures supplémentaires, puis du texte instaurant un service minimum dans les transports en commun, trois conférences au sommet attendent le gouvernement et les partenaires sociaux en octobre et novembre. Sujets à l’ordre du jour : l’égalité professionnelle hommes-femmes, l’amélioration des conditions de travail, enfin l’emploi et le pouvoir d’achat, table ronde pendant laquelle devrait être abordée la délicate question de la TVA sociale. Une négociation entre patronat et syndicats, capitale pour la bataille de l’emploi, s’engage surtout dès septembre sur la modernisation du marché du travail. Avec une feuille de route diablement étoffée : sécurisation des parcours professionnels, réforme du contrat de travail et remise à plat de l’assurance chômage… rien que ça !

Décidément, on ne chôme pas sous l’ère Sarkozy. Pour l’instant, sans guère de faux pas. État de grâce ou habilité manœuvrière ? Toujours est-il que la nouvelle équipe au pouvoir effectue presque un sans-faute dans la conduite de ses réformes. Ceci grâce à une méthode qui combine plusieurs éléments. D’abord, un chef de l’État omniprésent et communicant hors pair, qui n’hésite pas à monter en première ligne pour défendre l’action gouvernementale, l’expliciter, voire l’amender. La politique engagée est d’autant plus difficile à combattre que la couleur a été clairement annoncée lors de la campagne présidentielle et qu’elle est directement assumée par le nouveau locataire de l’Élysée, fort de la légitimité d’une confortable élection.

Autre facteur tactique important : la vitesse d’exécution. Autrement dit, agir vite et fort. L’ouverture simultanée de plusieurs chantiers de réformes, l’ampleur des changements annoncés, le calendrier très serré imposé pour leur réalisation sont autant d’ingrédients qui concourent à prendre de vitesse et à asphyxier les opposants potentiels, lesquels – submergés par l’accumulation des dossiers – ne savent plus très bien où porter le fer. Dernière recette : une attitude beaucoup plus pragmatique que ne le laisse entrevoir la fermeté affichée. Si la barre est d’entrée de jeu placée très haut, l’Élysée et Matignon ont montré, sur le service minimum ou le non-remplacement des fonctionnaires qui partiront à la retraite, une grande capacité à lâcher du lest, pour éviter qu’une cristallisation des mécontentements ne vienne compromettre leur action réformatrice.

Le risque serait que les organisations syndicales ne saisissent pas l’occasion qui leur est donnée de quitter leur posture défensive habituelle pour devenir, sans renier leurs principes de justice sociale et de solidarité, des acteurs de la réforme. Quitte à revenir sur certains acquis sociaux, elles doivent jouer pleinement leur rôle dans la recherche, avec le patronat, de solutions originales susceptibles de sortir la France du chômage de masse. Un peu d’audace, camarades !

Auteur

  • Denis Boissard