Le dossier central de ce numéro se résume en une question : « Où est passée la gauche ? », et en deux dates : 1997 et 2007. La défaite de Ségolène Royal en mai dernier confirme spectaculairement l’impuissance du socialisme français à relever le défi incarné par le New Labour britannique de la modernisation de la gauche, observe d’entrée Philippe Marlière. Cet enseignant à l’université de Londres rappelle les ingrédients du blairisme, parmi lesquels une version « allégée » du rôle économique de l’État et la reformulation de la question sociale en termes moraux, soulignant en contrepoint la faiblesse théorique de la « modernisation » du PS depuis Lionel Jospin.
La confiance, thème privilégié par la revue pour ses gammes estivales, est un ingrédient managérial difficile à instaurer et à mobiliser. Comme le montre Éric Simon en introduction de ce dossier, le concept lui-même ne se laisse pas facilement circonscrire. Éric Campoy et Valérie Neveu tentent d’évaluer l’effet de la confiance organisationnelle sur l’implication du salarié. Selon ces deux auteurs, cette forme de confiance se traduit par un « civisme organisationnel » qui favorise à son tour une participation accrue du salarié sur le plan social, stimule sa capacité d’innovation ou l’incite à accomplir des tâches supplémentaires.
Dans la livraison estivale de la revue, Nicole Maggi-Germain passe au scalpel la notion de dialogue social. Deux mots mis à toutes les sauces mais qui ne vont pas de soi quand on tente d’en cerner les contours juridiques. Le récent rapport Chertier, base de la loi de modernisation du dialogue social, définissait ce dernier comme « l’association des partenaires sociaux à la prise de décision », le liant à la construction de la décision publique. Si le dialogue social signifie l’implication des partenaires sociaux dans la mise en œuvre de réformes politiques, il nécessite aussi une responsabilisation accrue de leur part. Cette nouvelle terminologie rend compte, selon Nicole Maggi-Germain, « d’une évolution de l’organisation sociale dans laquelle le pouvoir est plus diffus, les responsabilités diluées dans de multiples lieux de consultation-participation d’où naît un consensus qui devient norme ».
Dans un dossier consacré aux rapports entre économie et religion, Jean Boissonnat voit en Dieu un ferment contestataire nécessaire à la régulation du capitalisme, porteur en lui-même de violence et d’inégalités. La religion sert à lui donner mauvaise conscience, ce qui n’est pas rien. Rebondissant sur le retour en force de la valeur travail dans le débat politique, la revue reproduit un texte de l’économiste chrétien Frédéric Le Play qui y voyait « la principale source du bien-être matériel et de la perfection morale ».
