logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Idées

La Révolution magnifiée par Rodtchenko

Idées | Culture | publié le : 01.09.2007 | A. F.

L’artiste russe, passé de l’avant-garde à la propagande, est exposé au musée d’Art moderne de la ville de Paris.

On ne connaît pas son prénom, juste ce menton tourné vers l’horizon, ce visage déterminé qui en font la « pionnière » de 1930. Dans d’autres photos de défilés militaires et parades sportives, les plans coupent les corps en morceaux, réduisant les humains à de parfaits rouages.

Alexandre Rodtchenko (1891-1956) n’était jamais à court d’audace visuelle pour magnifier l’utopie soviétique. L’ex-URSS avait trouvé un serviteur de qualité en cet avant-gardiste qui voulait « créer la nouveauté avec de nouveaux moyens d’expression ». Un artiste total, à la fois architecte, peintre, affichiste, qui jeta aux orties dès 1921 la peinture « périmée ».

Avec la photographie, il prolonge les principes constructivistes qu’il avait inventés pour ses toiles abstraites. Il entreprend aussi, avec des contre-plongées vertigineuses, de déconstruire la prise de vue traditionnelle. Jeux de lumière et angles aigus font du monde une jolie machine géométrique… une image parfaite à cette époque de « productivisme » communiste. Mais, à trop mettre l’accent sur l’innovation formelle, cette première grande rétrospective française (300 œuvres originales) au musée d’Art moderne de la ville de Paris fait une relative impasse sur le contexte historique. On peut le regretter. Car le photographe avant-gardiste se doublait d’un artiste officiel, qui faisait son travail de propagande. Si Rodtchenko a signé en 1933 un reportage sur la construction d’un canal pharaonique en Carélie, folle entreprise qui coûtera la vie à des milliers d’hommes, c’était pour coller à la ligne officielle.

Rodtchenko photographe : la révolution dans l’ œil. Exposition au musée d’Art moderne de la ville de Paris, jusqu’au 16 septembre.

Auteur

  • A. F.