Bienvenue dans l’économie du client roi ! Dans cette société que Robert Rochefort qualifie de « consommatoire », la satisfaction des désirs l’emporte sur l’envie de participer à un destin collectif. Un système social qui brouille les frontières entre générations et exacerbe les comportements schizophréniques, tant pour le consommateur salarié que pour le consommateur citoyen.

C’est à ce dernier hybride que s’intéresse le patron du Credoc, pour qui l’épanouissement du consommateur, accéléré par le développement d’Internet, fait prospérer les comportements de mauvais citoyen. Ce qu’on dénomme aujourd’hui la « société de défiance » tient pour beaucoup, à ses yeux, à l’attitude de plus en plus consumériste des citoyens, avides de toujours plus de droits mais de plus en plus oublieux de leurs devoirs. À ce jeu, la citoyenneté perd ses contours : « C’est comme si chacun se construisait son kit citoyen en empruntant tel aspect et en rejetant tel autre, selon ses préférences ou ses contraintes propres. » Peut-on réintroduire plus de citoyenneté dans la consommation ? Le livre essaie de répondre à cette question, en évoquant de nouvelles formes d’action comme le boycott. L’auteur conclut son propos en décrivant comment la tension entre consommateur et citoyen a fait émerger trois types de postures, les « 3R », pour « rassurance », « reliance » et « résilience ». La première est celle du retour aux valeurs traditionnelles, la deuxième repose sur une sorte d’hyperindividualisme, la troisième traduit le désir de repartir après un choc. L’essai s’achève sur l’espoir de voir s’imposer un quatrième R, avec la redécouverte de la responsabilisation du consommateur, qui scellerait sa réconciliation avec le bon citoyen.