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Le journal des ressources humaines

Recruter sans discriminer

Le journal des ressources humaines | Conseil | publié le : 01.04.2007 | E. B.

L'âge reste un critère de sélection des candidats à l'embauche. Coincés entre les demandes des clients et la loi, les cabinets de conseil peuvent être poursuivis en justice par des candidats potentiels. Un problème insoluble ?

Les spécialistes du recrutement font face à un dilemme. Le Code pénal interdit toute discrimination à l'embauche (art. L. 225-1 et 2). Or, selon une enquête récente réalisée auprès de 1 200 consultants répartis dans une soixantaine de cabinets de chasseurs de têtes, l'âge est un critère déterminant d'embauche pour 59 % des entreprises.

Réalisée par Oasys Consultants, un cabinet de conseil en transitions professionnelles, l'enquête indique également que seuls 4 consultants sur 10 ont le sentiment de pouvoir influencer leur client sur ce point. « Le phénomène est général mais touche surtout les grandes entreprises, prévient Éric Beaudouin, directeur général d'Oasys Consultants. 80 % des offres d'emploi publiées dans la presse ne sont pas destinées aux plus de 45 ans. » Si les discriminations par l'âge existent depuis des années, elles sont de moins en moins tolérées par les demandeurs d'emploi, qui n'hésitent plus à porter plainte. En février, MRI 3FS a eu le redoutable privilège de devenir le premier cabinet de recrutement condamné pour discrimination. Motif ? La publication d'une annonce comportant une fourchette d'âges comme critère de recrutement.

Directrice générale du cabinet Bonnel Conseils Associés et administratrice du Syntec Conseil en recrutement, Catherine de Verdière estime que « la profession pourrait faire face à une avalanche de soucis juridiques dans les années à venir si elle ne parvient pas à intégrer les préconisations de la loi ». Un avis partagé par Sylvain Côme, président d'Éthique et Recrutement, pour qui le client a bon dos. « Nombre de consultants alourdissent la discrimination à l'embauche en se faisant les interprètes de ce qu'ils pensent être la volonté de leurs clients. » Une fois sensibilisés au problème et formés afin d'être plus imaginatifs, ils adoptent des pratiques moins discriminantes. « Deux cabinets de recrutement en ont récemment fait l'expérience, explique le responsable associatif. Le nombre de profils placés alors qu'ils ne correspondaient pas à l'annonce initiale a singulièrement augmenté. Aucun client n'est parti en claquant la porte. »

« Le droit rend les cabinets responsables du contenu des annonces publiées », rappelle Alexandra Palt, directrice de la promotion de l'égalité des chances à la Halde. Pas d'autre choix pour les cabinets que de renouveler pratiques et positionnement à l'égard du client.

Auteur

  • E. B.