Nous nous battrons contre la casse industrielle et sociale engendrée par Power 8. » Ce 16 mars, Jean-François Knepper s'était juché sur un camion pour s'adresser aux 15 000 personnes réunies sur la place du Capitole, à Toulouse. Un branle-bas de combat en réponse au sévère plan de restructuration d'Airbus. Depuis sa présentation par Louis Gallois, le délégué syndical central de la CGT-FO, organisation majoritaire dans les sites français de l'avionneur européen, fait monter la pression, exigeant que « l'État français prenne ses responsabilités en tant qu'actionnaire, [pour] faire contrepoids face aux appétits boulimiques de DaimlerChrysler ».

Un brin cocardier, le patron de FO Airbus, élu coprésident du comité européen en février 2006, ne décolère pas sur le « partage inéquitable entre les pays européens ». Power 8 prévoit, il est vrai, 4 300 suppressions d'emplois en France, pour 3 700 en Allemagne, 1 600 en Grande-Bretagne et 400 en Espagne. Sans compter l'externalisation des activités sur les sites de Méaulte et de Saint-Nazaire, la baisse immédiate de la production de l'A 320 à Toulouse et la disparition programmée de la chaîne au profit de Hambourg. « Nous avons fait plus d'efforts de productivité que les Allemands ces dernières années », estime Jean-François Knepper. Sous-entendu, nous devrions être moins touchés par les restructurations. Une analyse peu appréciée par Horst Niehus, coprésident allemand du comité européen, issu d'IG Metall.

Ses homologues syndicaux, tel Daniel Salvador, le DRH France d'Airbus, décrivent François Knepper comme un modéré adepte de la politique contractuelle. C'est aussi un pragmatique qui a adhéré à FO pour « obtenir sa mutation à Toulouse, grâce à l'appui du syndicat majoritaire ». Chargé, à ses débuts, de collecter les adhésions mensuelles, ce technicien dessinateur s'est rapidement transformé en militant actif et convaincu, fier d'appartenir à « un syndicat sans lien avec un parti politique ». Son ascension dans la hiérarchie syndicale a été régulière. Élu au comité d'établissement de Toulouse en 1994, dont il gère le personnel, il a vite acquis le sens du réalisme syndical. Habitué à faire la pluie et le beau temps à Toulouse, où FO contrôle le CE grâce à une entente avec la CFE-CGC et la CFTC, Jean-François Knepper s'est glissé sans problème dans la peau d'un agitateur « prêt à profiter de la campagne présidentielle pour défendre un fleuron industriel français ». Reste à savoir jusqu'où ce néorévolté ira pour obtenir de Louis Gallois l'amélioration du plan Power 8.

DSC FO d'Airbus.

ÂGE

46 ans.

1983

Entre à Aerospatiale.

1986

Prend sa carte FO.

1993

Élu au CHSCT.

1994

Secrétaire adjoint du CE de Toulouse.

2005

Délégué syndical central.

2006

Copréside le comité européen.