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Repères

Il faut sécuriser la flexibilité

Repères | Éditorial | publié le : 01.03.2007 | Denis Boissard

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Il faut sécuriser la flexibilité

Crédit photo Denis Boissard

Enfin un sujet consensuel ! Malgré sa terminologie un peu barbare, la « sécurisation des parcours professionnels » fait un tabac. De la Commission européenne au gouvernement français, de Royal à Sarkozy, du Medef à la CGT, la sphère politico-sociale s'est peu ou prou approprié ce thème. Un unanimisme qui camoufle de réelles divergences. Si certains, nostalgiques de l'emploi à vie, se focalisent sur la sécurisation, d'autres mettent surtout l'accent sur sa contrepartie : la flexibilité.

Car, derrière cette formule technocratique se cache un enjeu capital : comment concilier les garanties de revenu, de couverture sociale, d'employabilité auxquelles aspirent les salariés, quels que soient les aléas de leur vie professionnelle, avec la souplesse de fonctionnement et d'adaptation dont les entreprises ont besoin pour faire face aux exigences accrues de la concurrence ? Dans ce domaine, la France a fait le choix d'un marché du travail dual avec, d'un côté, des insiders dont les emplois sont fort bien protégés et, de l'autre, des outsiders dont les emplois instables servent de variable d'ajustement aux besoins de flexibilité des entreprises. Un compromis détestable dans lequel le renforcement de la protection des uns nourrit la précarité des autres.

Quels pourraient être les ingrédients d'une sécurisation incitant les salariés à une plus grande mobilité professionnelle, géographique, à l'intérieur ou à l'extérieur de l'entreprise ? D'abord, la garantie d'une continuité d'un certain nombre de droits sociaux – revenu, couverture sociale, formation, logement – quel que soit le statut occupé (salarié, chômeur, stagiaire, travailleur indépendant). Ensuite, le maintien de l'employabilité tout au long de leur vie active. Enfin, un accompagnement des chômeurs susceptible de leur assurer un retour rapide à l'emploi. Un certain nombre de briques existantes peuvent servir de soubassement à cet objectif de sécurisation. Combinés à un dispositif de GPEC, le DIF, la VAE, les contrats et périodes de professionnalisation peuvent être des outils efficaces de maintien de l'employabilité. La mise en place d'un guichet unique des chômeurs (les maisons de l'emploi), leur suivi mensuel par un conseiller référent, la convention de reclassement personnalisé ou le contrat de transition professionnelle peuvent contribuer à un retour plus rapide à l'emploi.

Restent quelques gros chantiers : garantir des droits à retraite suffisants aux salariés qui passent souvent par la case chômage ; offrir une complémentaire santé aux salariés précaires ; créer un fonds de garantie ou d'assurance pour faciliter leur accès au logement ; revoir l'assurance chômage pour améliorer les droits des personnes pâtissant de courtes durées d'activité salariée ; mutualiser le financement de la formation sur une base interprofessionnelle ; booster les groupements d'employeurs, l'emploi via des organismes mandataires, le portage salarial ; etc. L'enjeu est de taille. Et les partenaires sociaux et l'État ont du pain sur la planche.

Auteur

  • Denis Boissard