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Le journal des ressources humaines

Querelle autour de l'apprentissage

Le journal des ressources humaines | Formation | publié le : 01.03.2007 | Sylvia Di Pasquale

Entre les analyses du Credoc et la réalité du terrain, les avis divergent sur le pouvoir de séduction de l'apprentissage et la satisfaction des jeunes.

Le gouvernement a une idée fixe : multiplier le nombre d'apprentis. De 360 000 recensés en 2003, il voudrait qu'ils passent à 500 000 d'ici à 2009. Ce qui suppose, pour le moins, une certaine adhésion des jeunes à l'apprentissage. Or, dans une récente étude sur le sujet publiée dans Consommation et Modes de vie, le Credoc s'amuse à contrarier les plans du gouvernement et estime qu'il faut s'attendre à des résistances dans les secteurs du BTP et de la restauration. Les deux chercheuses à l'origine de l'enquête ajoutent que « l'apprentissage n'a pas, auprès de nombreux élèves, l'image d'une voie qui conduit à la réussite professionnelle et [que], de fait, beaucoup s'en détournent ». Une analyse curieuse car, en lisant les résultats chiffrés, on pourrait en conclure le contraire. On y découvre d'abord que 63 % des collégiens qui n'ont pas encore franchi le cap de l'alternance ont une bonne image de l'apprentissage. Même décalage concernant l'avenir des apprentis. Ils sont 83 % à vouloir rester dans le secteur qui les forme.

L'analyse s'embrouille et, du coup, il faut se tourner vers les professionnels pour tenter d'y voir plus clair. Directeur des études du CCCA-BTP – l'Opca qui gère les fonds des CFA accueillant 62 000 apprentis du bâtiment et des travaux publics –, Jacques Vuthan veut, lui aussi, s'appuyer sur des chiffres pour prouver que tout ne va pas si mal. « Les CFA refusent 1 000 à 3 000 jeunes chaque année. Nous enregistrons un taux d'abandon de 10 % seulement [contre 25 % en moyenne nationale, NDLR]. Les objectifs sont presque atteints. » Mais tout le monde n'est pas logé à la même enseigne.

Du côté de l'hôtellerie et de la restauration, l'autre branche montrée du doigt par le Credoc, on est moins optimiste. René Laouénan, représentant CFTC au Fafih d'Ile-de-France, l'Opca de l'industrie hôtelière, constate que les entreprises ont des efforts à faire par rapport à celles du BTP : « Elles savent en attirer plus en les payant 15 % au-dessus des minima. Pas les nôtres. » Les apprentis du bâtiment bénéficient également d'aides pour acheter une voiture, décrocher un prêt bancaire, partir en vacances… dont les futurs serveurs ou cuisiniers ne profitent pas. Les fédérations professionnelles riches font des apprentis plus satisfaits. Celles qui sont moins dotées les attirent moins. Une réalité que le ministère de l'Emploi devra également prendre en compte pour réaliser son objectif.

Auteur

  • Sylvia Di Pasquale