Personne ne nie le fait majeur que constitue l'émancipation des femmes. Comme le rappellent Dominique Méda et Hélène Périvier, aujourd'hui, 8 femmes âgées de 25 à 49 ans sur 10 sont présentes sur le marché du travail, contre 40 % au début des années 60. Si la génération née en 1927 comptait moins de 10 % de bachelières, celle qui a vu le jour en 1977 en affiche 70 %. Mais, depuis les années 90, ce mouvement marque le pas. Le temps partiel féminin ne cesse de croître, ce qui va de pair avec de faibles salaires et des conditions de travail dégradées. L'ouvrage dénonce les défaillances d'une organisation sociale qui continue de laisser aux femmes la plus grande partie des tâches domestiques et familiales. Or, pour Dominique Méda et Hélène Périvier, l'activité féminine est une réponse aux problèmes de la protection sociale. C'est un rempart contre l'appauvrissement des classes moyennes et un moteur de la croissance. Comment rectifier le tir ? Sûrement pas en poursuivant dans la politique d'emploi féminin à tout prix que semble prendre notre pays. Les deux expertes comparent le modèle nordique, qui a des effets pervers – segmentation professionnelle encore plus poussée qu'en France et coût problématique –, et le modèle américain, qui mise sur « la généralisation du modèle masculin d'emploi aux femmes qualifiées ». Prônant une voie médiane, elles mettent l'accent sur l'indispensable réforme du système de prélèvement social et fiscal, défavorable à celles qui ont fait le choix de travailler. L'autre pilier proposé est celui de la garde d'enfants. Un des investissements les plus sûrs que peut faire la collectivité française pour son avenir.