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Vie des entreprises

Lilly mise sur le savoir être

Vie des entreprises | CONSEIL ET INFORMATIQUE RH | publié le : 01.01.2000 | Sabine Fessard

Le site de production de Lilly France, filiale du groupe pharmaceutique américain, propose à ses salariés un coaching sur leurs compétences comportementales.

Développer le sens relationnel du salarié : telle est la finalité du programme de coaching conduit au sein de l'entreprise pharmaceutique Lilly Fegersheim (3,7 milliards de francs de CA), l'unique site de production de Lilly France, filiale du groupe pharmaceutique américain Eli Lilly. Au sein de cette entité leader pour les médicaments injectables hors des États-Unis, 50 salariés (sur 1 053), dont une écrasante majorité de responsables d'équipe, ont été coachés depuis dix-huit mois par un professionnel extérieur. Jean-François Chuc, via sa SARL Métaconseil, est ainsi devenu Monsieur Coach chez Lilly Fegersheim.

Curatif au départ, le coaching est progressivement devenu préventif. « Un coaching informel a toujours existé chez nous pour développer le respect de l'autre », expose Michèle Beillet, responsable du service de formation à Lilly Fegersheim. L'appel à Jean-François Chuc s'inscrit dans un virage du management. Avec l'élévation des niveaux de qualification et la réduction des niveaux hiérarchiques à quatre échelons (direction comprise), une organisation matricielle se met en place. Les équipes sont réparties dans différentes unités du site. L'aptitude relationnelle de chacun est alors fortement sollicitée.

Là intervient le coach, qui conseille et accompagne le salarié. « À chaque séance, nous discutons d'expériences vécues ou à venir à l'égard de tel ou tel collaborateur et nous suivons ensemble l'évolution de mes progrès dans mon style de management », expose Yves Moinard, directeur de production coaché depuis avril dernier. Parfois, Jean-François Chuc danse sur un fil : « Certaines personnes m'entraînent vers des questions privées. Je leur rappelle que mon accompagnement se limite aux situations de travail. » Autre écueil, aux yeux de Benoît Rahier, secrétaire général du comité d'entreprise, lui-même ancien coaché : « La tentation de manipuler le salarié pour le placer dans un moule comportemental standardisé. »

Effet démultiplicateur

Pour prouver sa bonne foi, un contrat moral institutionnel lie la direction de Lilly Fegersheim avec Métaconseil. Par ailleurs, une clause de confidentialité, inscrite dans le contrat, préserve le secret. En revanche, les progrès réalisés par le coaché sont discutés en réunion hebdomadaire du Copil, comité de pilotage, regroupant Jean-François Chuc, Michèle Beillet et la direction des ressources humaines de Lilly Fegersheim.

C'est également au sein de cette instance dite de « régulation » que l'on accorde ou pas le feu vert à un salarié pressenti par sa hiérarchie ou ayant lui-même émis le vœu d'être accompagné par un coach. Au total, pour coacher ses salariés, Lilly Fegersheim dépense 50 000 francs par mois sur dix mois inscrits dans la ligne budgétaire « formation et développement individuel ». Un investissement important, qui n'a été entaché d'aucun abandon. Libre à chacun pourtant d'arrêter sa formation à tout moment. Par ailleurs, un coaché coachera souvent lui-même en interne : un effet démultiplicateur qui, pour l'instant, ne remet pas en cause l'appel à un coach extérieur. « Ce dernier, connu de tous, reste hors hiérarchie, hors entreprise, ce qui conditionne souvent la réussite du processus », conclut Michèle Beillet.

Auteur

  • Sabine Fessard