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Le bloc-notes

Il faut imaginer ce prochain siècle heureux…

Le bloc-notes | publié le : 01.01.2000 | Catherine Barbaroux

1er janvier 2000. Comme pour Sisyphe, les temps à venir nous offrent un mélange inventif et imprévu de progrès et de régressions, où la « civilisation » des mutations de l'entreprise face à la mondialisation n'est pas le moindre défi. Comment échapper à la tentation des vœux face à une date aussi symbolique, informatiquement redoutée, socialement ciblée. La parité hommes-femmes en marche, une loi sur le temps de travail en application (ou presque !), le paritarisme en sursis, l'OMC en panne… décidément, on tente vraiment de changer d'époque.

Il est un point commun à ces événements : fonder sur d'autres bases la nécessaire régulation de toute vie collective, aussi bien dans les sphères du politique que du social ou de l'économique. Comment ne pas s'en réjouir, même si les ajustements entre les rôles respectifs de l'État français, des États et des acteurs collectifs sont parfois rugueux ?

La parité politique. Elle ne devrait plus être une espérance mais une réalité dès les prochaines élections municipales, puisque le projet de loi sera discuté, et à coup sûr bientôt voté. On vient d'en avoir plusieurs illustrations, être femme n'est plus un handicap électoral. C'est peut-être un atout si on ne relègue pas les femmes en queue de liste, ce à quoi la loi devra veiller. Le même phénomène d'entraînement jouera-t-il sur l'égalité professionnelle : 50 % de femmes dirigeantes dans les entreprises ou les syndicats (moins de 10 % actuellement dans les premières). Ce serait un progrès.

La parité pourrait jouer aussi en faveur des hommes dans certains secteurs où la sur féminisation crée des déséquilibres à terme néfastes. Il est vrai que, dans ces secteurs-là, les plus hauts responsables restent majoritairement masculins. La loi votée, il faudra surtout faire en sorte que les arrivantes ne succombent pas au mimétisme des « établis », mais favorisent un vrai renouvellement des pratiques de gouvernement et de gestion.

L'avenir des cadres. Question d'heures ou de jours ? En se plaçant sur le terrain du décompte horaire, ne se trompe-t-on pas d'époque. S'il est important de garder, voire de développer la maîtrise du temps de travail des cadres, c'est sans doute ailleurs que dans la badgeuse protectrice ou les autodéclaratifs hypocrites que résident les vrais garde-fous : gérer les cadres, c'est aussi gérer, avec eux, la ressource temps.

Le paritarisme. De soubresaut en soubresaut, on approche du dénouement provisoire d'une crise déclenchée par la conférence du 10 octobre 1997, mais dont les causes profondes sont à rechercher ailleurs. Elles sont surtout dans l'usure des mécanismes légaux de la représentativité syndicale, des pratiques de gestion paritaire. S'y ajoute la difficile adaptation du Code du travail à la « nouvelle entreprise ». Cette entreprise, articulée désormais autour du client, qui organise un travail de plus en plus abstrait en s'appuyant sur des technologies encore un peu nouvelles et, à coup sûr, très communicantes, ne peut plus se glisser dans des habits d'après-guerre.

Il n'est donc pas anormal que le paritarisme soit en question quand chacune de ses composantes est en mutation et quand les objets de sa mission changent de nature : quel est le niveau pertinent de régulation pour la protection sociale, la formation professionnelle, la justice prud'homale ? Est-ce l'entreprise, la branche, l'interprofessionnel, l'Europe ? Est-ce à chaque fois le même ? Quel rôle pour l'État entre l'immixtion et le laisser faire ? Espérons qu'au-delà de considérations tactiques les grandes et belles ambitions que portent les termes de refondation et de constitution sociales redonneront du sens à la négociation, à la responsabilité et à la solidarité… sociales. Certes, l'État ne doit pas nationaliser ce social, mais on ne peut davantage privatiser la société.

Mondialisation. On peut commencer à soupçonner ce qu'aura été la fin du XXe siècle. Celui de l'invention de la tant décriée mondialisation. Conséquence directe de l'effacement des barrières douanières, l'extension du commerce et des marchés financiers à l'ensemble de la planète aura eu les effets bons et moins bons que l'on sait. On pourrait se croire fondé à prédire une amplification du phénomène.

En même temps, est-ce aussi simple que cela ? Le mouvement se développe-t-il à sens unique et sans autre limites que celles de notre globe ? Le récent « échec » des négociations de Seattle, la percée d'un front du refus non négligeable, accessoirement symbolisé par un improbable « paysan », ne sont pas les seuls indices d'une situation plus complexe. La mondialisation ne va pas de soi. Parler de recomposition du paysage des entreprises serait sans doute plus approprié.

Auteur

  • Catherine Barbaroux