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Idées | Bloc-notes | publié le : 01.02.2007 | Raymond Soubie

ABSENCES

Une campagne électorale déjà animée, des prises de position, des programmes plus ou moins précis : tout a l’air de se mettre en place, conformément au rituel, pour les échéances politiques de 2007. Pourtant, ce qui frappe l’observateur, ce sont trois absences, assez étonnantes si l’on considère que le débat électoral doit éclairer le citoyen et lui proposer des options claires pour les politiques à mener dans les cinq années à venir.

D’abord, la croissance. Sans elle, rien ne sera possible durablement : ni la réduction du chômage, ni la progression du pouvoir d’achat, ni la diminution des déficits sociaux et de la dette publique, ni même la réduction des inégalités. Nous sommes, en ce domaine, une des lanternes rouges des économies occidentales. Or, si chacun des candidats dit naturellement souhaiter la croissance, les recettes proposées sont soit du domaine incantatoire, soit un peu courtes.

Ensuite, la mondialisation. Elle est souvent désignée comme un mal contre lequel il faut lutter. La vraie question n’est-elle pas plutôt de savoir comment nous spécialiser sur les produits et services à forte valeur ajoutée et lutter aussi à armes égales avec nos principaux concurrents ?

Enfin, le populisme ambiant ne favorise ni la raison ni l’efficience ou la pertinence de l’action. Certes, en démocratie, il faut écouter le citoyen et d’ailleurs celui-ci a, par son bulletin de vote, le pouvoir final. Mais il appartient aux politiques de l’éclairer, de montrer la voie et non de le suivre presque aveuglément, même dans l’erreur.

DIALOGUE SOCIAL ET POLITIQUE

Le temps est à la célébration du dialogue social et c’est tant mieux. Il est aussi à la révision de certaines de ses règles traditionnelles : le droit donné aux partenaires sociaux de préempter par la négociation le traitement de sujets importants en est un exemple. Dans le principe, on ne peut qu’approuver ces évolutions. Mais il faut s’interroger sur leurs conséquences pratiques. Tout se passe comme s’il était implicitement admis que la démocratie sociale, fondée sur des rapports exclusifs entre syndicats et patronat, avait un domaine réservé, dans lequel le politique ne pouvait s’aventurer qu’en dernier recours. Les partenaires sociaux sont-ils en état d’assumer des responsabilités lourdes sur des décisions souvent difficiles ? Les politiques ne seront-ils pas tentés de se défausser sur le « dialogue social » ? A-t-on assez réfléchi au risque d’impuissance généralisée au moment où le pays a exactement besoin du contraire ?

LE RETOUR DES RETRAITES

Le dernier rapport du COR nous rappelle qu’une lourde échéance est devant nous en 2008. La réforme de 2003 n’a réglé qu’une partie du problème. D’autres décisions seront nécessaires. Elles seront plus difficiles encore. Les enquêtes d’opinion nous montrent une régression de la prise de conscience du sujet par les salariés. Le programme du PS propose de revenir purement et simplement sur la réforme de 2003 bien qu’on ne connaisse pas sur ce point la position personnelle de la candidate. Enfin, la CFDT sera plus dure à convaincre. Le dialogue social sera donc plus difficile et il est à craindre que le pouvoir politique ait en définitive à prendre tout seul les décisions.

Auteur

  • Raymond Soubie