logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Politique sociale

Pays-Bas “On ne peut guère espérer que le service s'améliore”

Politique sociale | publié le : 01.01.2007 | Peter Mos

Peter Mos, 42 ans, facteur à Amsterdam depuis huit ans, n'est pas de bonne humeur. Son employeur, le groupe TNT, n'a pas attendu la libéralisation totale du marché postal pour préparer le terrain. « Depuis 2000, 5 000 emplois ont été supprimés, souligne-t-il, et 70 bureaux de poste fermés. Nous sommes encore 40 000 à travailler pour la poste, mais on ne peut guère espérer que le service s'améliore. Depuis septembre, par exemple, nous ne distribuons plus de courrier le lundi. Comme si le lundi était férié ! » Peter Mos sillonne, à pied, le quartier populaire de Pijp, à Amsterdam. Depuis que le bureau de poste du marché Albert Cuyp a fermé, en décembre 2005, sa tournée s'est élargie. Il marche une heure de plus par jour, estime-t-il, en poussant son chariot, protégé de la pluie par une bâche.

« Depuis 1990, les facteurs ont perdu leurs avantages de fonctionnaires, avec la privatisation partielle de la poste », note Anneke Stevens, déléguée des personnels de la poste pour la Fédération des syndicats néerlandais (FNV), la plus grande centrale du pays. L'État détient toujours 19 % du groupe TNT (l'ancienne Royal TPG Post), mais ses employés ne sont plus des agents de l'État. « Pour eux, la libéralisation veut dire plus de stress, affirme Anneke Stevens. Avant, quand ils avaient fini leur tournée, les facteurs pouvaient rentrer chez eux à 15 heures, même si le temps de travail finissait officiellement à 17 heures. Maintenant, nous sommes obligés de travailler jusqu'à 17 heures, qu'il pleuve, qu'il neige ou qu'il vente. »

Boîte aux lettres électronique

Peter Mos, qui n'a pas le niveau bac, a du mal à prendre tous ces changements avec philosophie. Il a d'ailleurs voté pour l'extrême gauche lors des législatives du 22 novembre, parce que le Parti socialiste s'est clairement positionné contre l'Europe. « Bruxelles s'acharne à mettre de la concurrence sur un marché de plus en plus réduit. C'est ridicule : les postes anglaise et allemande vont venir sur notre marché, déjà trop petit, alors qu'il y a de moins en moins de courrier à distribuer. Ici, tout le monde possède Internet ! »

Pas moins de 80 % des ménages néerlandais sont connectés (et 80 % d'entre eux ont adopté le haut débit, l'un des niveaux les plus élevés d'Europe). Du coup, le volume de courrier baisse de 3 à 4 % par an. Peter Mos en veut beaucoup à son employeur, qui a encouragé cette tendance en lançant en 2002 une boîte aux lettres électronique : « Cette boîte aux lettres encourage les usagers à opter pour des relevés bancaires et autres courriers réguliers par Internet. Pour un service postal, c'est ce qui s'appelle se saborder ! » Les lettres personnelles se font si rares que 92 % du courrier de moins de 100 grammes provient désormais du secteur des affaires.

Sabine Cessou, à Amsterdam

Auteur

  • Peter Mos