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Politique sociale

Métiers en déclin, métiers d'avenir

Politique sociale | publié le : 01.01.2007 | Corinne Rieber

7,5 millions de postes à pourvoir d'ici à 2015, selon une étude Dares-Centre d'analyse stratégique ! Mais pas dans tous les secteurs ni toujours très qualifiés.

Pour trouver un job dans dix ans, mieux vaut se préparer à être nounou ou informaticien plutôt qu'agriculteur ou mécanicien ! Il ne s'agit pas des prédictions de Mme Irma mais des prévisions de deux économistes, Olivier Chardon pour la Dares et Marc-Antoine Estrade, du Centre d'analyse stratégique, ex-Commissariat général du Plan. Dans leur rapport les Métiers en 2015, les deux chercheurs du groupe Prospective des métiers et qualifications dressent un panorama de l'emploi de demain. Leur scénario repose sur des hypothèses raisonnables : un rythme de croissance de 2 % par an, une stabilisation de la population active et un taux de chômage à 7,5 %. Résultat : 7,5 millions de postes seront à pourvoir d'ici à 2015.

Une polarisation accrue

Mais l'avenir n'est pas aussi rose qu'il y paraît. Si le départ des baby-boomers à la retraite va créer un véritable appel d'air sur le marché du travail, puisque 80 % des emplois disponibles seront consécutifs à des fins de carrière, tous les postes ne seront pas pour autant remplacés. De même, la mobilité professionnelle, qui ne cesse de croître (6 salariés sur 10 n'occupent pas le même emploi qu'il y a cinq ans), provoquera des phénomènes de compensation d'un métier à l'autre.

Finalement, l'évolution du paysage de l'emploi en France prolonge les grandes tendances : les métiers de services continuent leur progression, ceux de l'industrie leur déclin. Ainsi, cinq domaines professionnels vont concentrer à eux seuls l'essentiel des créations d'emplois : les services aux particuliers, la santé et l'action sociale, les transports et la logistique, les métiers administratifs et le commerce.

Cette tertiarisation de l'économie est le pendant d'une polarisation accrue avec, d'un côté, un nombre croissant de cadres de haut vol (administratifs et commerciaux) et d'experts aux compétences pointues (informaticiens, juristes, financiers), capables de contribuer à des activités à forte valeur ajoutée, et, de l'autre, une progression des postes peu ou pas qualifiés, comme les aides à domicile. Mais attention : cela ne signifie pas que toutes les difficultés de recrutement vont disparaître. « Si aucune mesure n'est prise d'ici à 2015, on court vers un scénario dans lequel un chômage élevé coexisterait avec des difficultés de recrutement dans les secteurs les plus dynamiques », avertit Olivier Chardon.

Repenser d'urgence la GRH

Les coauteurs avancent donc plusieurs pistes sur lesquelles grandes et petites entreprises pourraient porter leurs efforts : développer la mobilité professionnelle, favoriser les promotions internes, faciliter les reconversions dans les métiers en voie de disparition, améliorer les conditions de travail et les salaires des emplois peu attractifs. Bref, repenser d'urgence la gestion des ressources humaines. Car 2015, c'est presque demain.

En tête du hit-parade des recrutements : les emplois de services à domicile. Garde d'enfants, ménage, soutien scolaire, aide aux personnes âgées ou dépendantes : la palette des activités est large et la demande de plus en plus forte, d'autant qu'elle est soutenue par les mesures fiscales de la loi Borloo. Actuellement, les employés de services à domicile sont essentiellement des femmes âgées de 45 ans, sans qualification, qui reprennent une activité après avoir élevé leurs enfants. Un profil qui va changer. « Avec le bac en poche et des périodes d'interruption de travail moins longues, les femmes seront plus exigeantes quant aux emplois qu'elles occuperont. Les employeurs vont devoir faire des efforts sur les conditions de travail et les salaires pour attirer et, surtout, fidéliser les salariés », affirme Marc-Antoine Estrade, coauteur du rapport. Faute de quoi ces salariés pourraient s'orienter vers les maisons de retraite et d'hébergement.

Un secteur de la formation très ouvert

L'enseignement reste un vivier traditionnel de recrutement. Les auteurs de l'étude tablent sur une stabilisation des effectifs scolarisés et des départs massifs à la retraite. Quant au secteur de la formation professionnelle, les besoins devraient augmenter, tant du côté des entreprises (via le DIF) que du côté des demandeurs d'emploi. L'accès à ce domaine professionnel reste très ouvert puisque les compétences requises peuvent relever de la formation initiale ou de l'expérience. C'est aussi une reconversion possible en fin de carrière. Enfin, les cadres administratifs et les dirigeants d'entreprise ont également le vent en poupe. En particulier, les experts-comptables, financiers, juristes ou informaticiens à qui l'on fera des ponts d'or. Loin, très loin, du déclin de l'industrie.

Ce sont surtout les ouvriers non qualifiés qui seront les plus touchés, avec des suppressions d'emplois massives dans le textile, la métallurgie et la mécanique. Mais l'emploi dans l'industrie n'est pas condamné pour autant. La demande va s'accentuer pour les métiers en aval de la production tels que la maintenance et la vente. Enfin, les entreprises qui se positionneront sur des créneaux à forte valeur ajoutée devront faire appel à des ouvriers très qualifiés. L'avenir va sourire en particulier à ceux qui choisissent les métiers du bois et des industries graphiques.

Auteur

  • Corinne Rieber