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Politique sociale

Italie “Ici, la libéralisation est une impulsion positive”

Politique sociale | publié le : 01.01.2007 | Emilio Miceli

Tous les jours, comme il y a vingt-cinq ans, Graziano Benedetti, facteur à Pise, dépose les lettres aux mêmes adresses. Mais son environnement a radicalement changé. Il continue certes à travailler pour une entreprise contrôlée à 100 % par l'État, mais il s'agit, depuis 1998, d'une société par actions, inscrite au syndicat patronal Confindustria, qui engrange des bénéfices et distribue des primes à ses employés.

Gains de productivité

« Quand je suis entré aux postes, j'étais sûr d'avoir un emploi garanti jusqu'à ma retraite, pas très bien payé mais qui me demandait peu d'efforts, reconnaît-il. Ce n'est plus le cas. » La nouvelle société, Poste Italiane, applique les règles et contrats du privé. Graziano Benedetti a perdu son statut de fonctionnaire. Et, au passage, trente-cinq jours de congés par an. Les employés ont accepté de lier une partie de leurs revenus aux gains de productivité. « Je gagne 1 300 euros par mois, calcule le facteur toscan. Mais je peux obtenir 1 900 euros de primes par an et, avec les bons résultats de l'entreprise (300 millions d'euros de bénéfices cette année), nous avons perçu un treizième et un quatorzième mois. »

Fini les milliards d'euros de pertes. À la fin des années 90, 70 000 postes de travail ont été supprimés dans tout le pays, sur la base de préretraites et de reclassements… « Le processus de libéralisation a imposé aux postes italiennes un niveau d'efficacité jusqu'alors inconnu, explique Emilio Miceli, secrétaire national du syndicat CGIL des travailleurs dans les communications. Le poids politique était autrefois trop lourd. La poste était l'objet de clientélisme et de malversations politiques. En Italie, l'actionnariat public s'est traduit par un trop grand nombre de bureaux de poste et de salariés mais par trop peu de services offerts. Le processus d'autonomie a ainsi permis d'éliminer beaucoup de parasites. Ici, la libéralisation représente une impulsion positive. »

De fait, la poste italienne a énormément changé. « Pour la poste expresse, l'entreprise est déjà très compétitive, renchérit Carlo Alberto Carnevale Maffè, professeur de stratégie d'entreprise à l'université Bocconi de Milan. De même, dans les services financiers, la poste s'est affirmée comme la Ryanair de la banque italienne. Le personnel y est désormais plus productif que dans les banques. Il reste des progrès à faire dans le secteur postal traditionnel ; c'est le noyau le plus dur à bouger. Près d'un tiers des 14 000 bureaux de poste pourraient être fermés. Il y a encore des résistances à la libéralisation, même si elles ne viennent pas de l'interne. »

Graziano Benedetti reste confiant : « Si elle est bien préparée en termes d'investissements et de formation, la libéralisation ne doit pas nous effrayer. Nous veillerons à ce que le service universel soit maintenu. Il faudra savoir développer de nouveaux services comme la distribution de médicaments à domicile. »

Éric Joszef, à Rome

Auteur

  • Emilio Miceli