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Le journal des ressources humaines

L'ex-fonderie Safam repart de zéro

Le journal des ressources humaines | Formation | publié le : 01.01.2007 | Sylvia Di Pasquale

C'est l'une de ces vieilles usines en brique rouge. Un monument industriel d'un autre siècle. « Mais c'était aussi une entreprise jugée cliniquement morte », corrige Xavier Etcheverry, son repreneur. L'ex-Safam, c'était cent quatre-vingts ans de fonderie à Bayonne. Mais, en dix ans, ses effectifs ont fondu au fil des marchés perdus. Des 500 personnes employées en 1995 il n'en restait plus que 120 en 2005. Pas de quoi faire reculer le candidat au sauvetage. Avec Gaëlle Jacquemin, son associée, le nouveau P-DG souhaite se consacrer à une technique moderne qui permet de créer des pièces complexes, fondues à partir de modèles en polystyrène : le Lost Foam. « On a repris le chantier le plus prometteur de l'entreprise, avec les 24 personnes qui maîtrisaient déjà cette technique, soit 15 % de l'activité. » Nous sommes en mai 2005. L'ex-Safam devient LF Tech. « Il a fallu repartir de zéro. Faire un véritable reset industriel. » Une opération difficile dans le cadre d'une organisation qui porte en elle une histoire lourde. Sauf à en passer par un programme de formation très important. « Pour consolider les savoir-faire, mais aussi changer les mentalités. »

À Bayonne, l'ensemble du personnel rescapé a bénéficié d'un programme en 9 modules, dispensé pendant les heures de travail, étalé sur une année. Un dispositif de 240 000 euros financé par le conseil régional d'Aquitaine (82 000 euros) ; l'État, au travers de sa direction départementale du travail (38 000 euros) ; et l'Opca de la branche.

« On a commencé par leur rappeler des valeurs de base pour redonner un sens à leur relation au travail, explique le P-DG. Les modules “5 S” ont été particulièrement bénéfiques. » Ce classique de la formation à la qualité désigne les cinq premières lettres des mots japonais traduits par débarras, rangement, nettoyage, ordre et rigueur. « L'objectif d'un poste de travail propre a été une excellente manière de les impliquer sur les valeurs modernes de la PME innovante que nous devenions. » Ont suivi des modules spécifiques de remise à niveau sur des techniques de fonderie ou liés à la maintenance opérationnelle, conçus par le Centre technique des industries de la fonderie et l'Inasmet, son homologue espagnol, toujours sous forme d'exposés pédagogiques et de résolution de cas pratiques.

Enfin, sept salariés ont suivi une formation en vue de la mise en place d'une certification ISO 9000-2001, condition impérative pour décrocher de nouveaux contrats. Pendant que ses employés planchaient, leur patron faisait la tournée des clients pour remplir le carnet de commandes. Résultat : un premier marché avec le leader mondial de la manutention vient d'être signé. « C'est parce que ce client est venu visiter notre usine, a rencontré des salariés motivés, capables de parler service au client et fiers de leur travail qu'il nous a fait confiance. » Mais le dirigeant réaliste de conclure : « Il faudra encore s'accrocher. » Pour que la vieille usine de brique ne se transforme jamais en musée du travail d'antan.

Auteur

  • Sylvia Di Pasquale