Le sociologue Jacques Donzelot a eu la bonne idée de recenser les travaux récents qui ont fait du thème à la mode de la cohésion sociale le centre de leur réflexion. Comme les deux rapports du Conseil d'analyse stratégique, liant la cohésion sociale l'un à la problématique des territoires, l'autre à la prévention de l'exclusion. Mais aussi les débats parlementaires relatifs aux lois sur la cohésion sociale. L'auteur note que la recherche d'une confiance « horizontale » entre les individus apparaît souvent comme un substitut à la solidarité de classe face à un autre danger, celui de la séparation spatiale, sociale et ethnique préjudiciable à la dynamique de la société. Son article souligne en conclusion l'importance de la composante « civique » dans toute esquisse de solution à la crise actuelle de l'État providence.
Cette ultime livraison de 2006 s'intéresse à la place occupée par la « gauche de la gauche » dans notre pays. Spécialistes des syndicats français, Dominique Labbé et Dominique Andolfatto se demandent, avec un brin de provocation, si ces derniers ont vraiment besoin d'être aidés. Et de noter qu'au seul titre du secteur public et parapublic « les syndicats français disposent de beaucoup plus de permanents que n'importe quel autre syndicat équivalent dans le monde ».
Face à la faiblesse des résultats dont peuvent se prévaloir les organisations syndicales depuis une vingtaine d'années, les auteurs stigmatisent « le silence qui entoure l'importance réelle de leurs moyens » et le manque de transparence sur leur utilisation.
Auteur de la préface du dossier de la revue du CNRS, Didier Oillo n'hésite pas à qualifier la société de l'information d'une « des plus exclusives de l'histoire ». La génération Internet constitue une force puissante de transformations sociales, observe Caroline Rizza, de l'École nationale supérieure des télécommunications. Pour elle, la fracture numérique se trouve toutefois dans des inégalités sociales qui préexistaient à l'introduction des technologies. Jean-Pierre Letourneux, de l'université de Nantes, plaide pour une « humanisation des TIC », qui sont la meilleure et la pire des choses : dans un cas elles « enrichissent le lien social, dans l'autre elles participent à sa destruction ».
Ce passionnant numéro dresse un état des lieux des réorganisations sociales menées par les entreprises industrielles françaises. Plusieurs articles se focalisent sur les liens entre l'usage des nouvelles pratiques organisationnelles ou des technologies de l'information et de la communication et les profils des salariés qui y sont confrontés. Le renouvellement des compétences occupe une place importante dans ce dossier.
Une approche réservée aux chercheurs aguerris.
