Les droits de l'homme s'arrêtent-ils où commence le monde du travail ? Question provocante qui sous-tend cet essai de Michel Miné et Sylvain Allemand, un juriste et un journaliste. Pour eux, on oublie trop souvent que « l'objet du contrat de travail est la prestation de travail et non la personne ». Discriminations, empiétements sur la vie personnelle, entraves à la liberté d'expression, non-respect du droit au repos ou à l'égalité de traitement, le tableau est sans concession. Les auteurs invitent les salariés et leurs représentants à faire des droits de l'homme un « levier de résistance face à certaines évolutions » mais aussi « une source d'inspiration pour d'autres changements dans les règles et les pratiques ».

Siffler en travaillant ? Les droits de l'homme au travail : un état des lieux, Michel Miné et Sylvain Allemand. Éd. Cavalier bleu, coll. « Libertés plurielles ». 156 pages, 21 euros.

Le management à la japonaise est peut-être moins à la mode qu'il y a une vingtaine d'années, mais le succès d'entreprises comme Toyota montre qu'il n'a pas perdu sa capacité de renouvellement. La thèse principale de l'ouvrage de Pierre Fayard est que le point fort du Japon réside dans sa « culture de la stratégie ». Il explore notamment la prégnance des valeurs de l'époque des samouraïs sur la gestion des entreprises modernes. L'ensemble mettant l'accent sur le concept de « communautés stratégiques de connaissance ». Surprenant.

Le Réveil du samouraï, Pierre Fayard. Éditions Dunod. 232 pages, 19,90 euros.

Le sujet est tabou, il n'est abordé, et de manière racoleuse, que par les magazines en quête de lecteurs : il s'agit bien sûr de l'amour au travail. Contrairement à ce qui se passe aux États-Unis, où sa relation cachée avec une employée a fait tomber le P-DG de Boeing, la France se veut beaucoup plus permissive. Loïck Roche formule une « loi de Cupidon » qui en laissera plus d'un perplexe : celle-ci « veut qu'une personne ait un partenaire sexuel différent parmi les personnes de son entourage professionnel tous les sept ans d'ancienneté ». L'auteur analyse les rapports entre pouvoir et sexualité, aborde le problème du harcèlement, évoque l'impact des nouvelles technologies, comme le Web, sur les rapports entre personnes en milieu professionnel. Plaisant mais pas toujours très convaincant.

Cupidon au travail, Loïck Roche. Éd. d'Organisation. 160 pages, 18 euros.

Le point de départ d'Erwan Seznec n'est pas une découverte : les organisations syndicales françaises occupent une place démesurée dans la vie nationale par rapport à leur force réelle. L'intérêt de son enquête réside plutôt dans les multiples faits qu'il a réunis pour montrer tous les accommodements auxquels conduit cet écart entre la réalité et sa perception. Le journaliste de Marianne reproche surtout aux grandes confédérations d'être devenues des organisations conservatrices, plus préoccupées par la défense de leurs avantages acquis que par celle de leurs mandants. Dommage que l'ouvrage soit si avare d'idées vraiment nouvelles sur ce que devrait être un syndicat du troisième millénaire.

Syndicats, grands discours et petites combines, Erwan Seznec. Hachette Littératures, collection « Les Docs ». 200 pages, 18 euros.