Elle vient de décrocher l'un des postes de DRH les plus convoités au monde. Claire Pedini, une HEC de 41 ans, conduira le volet social du rapprochement entre le français Alcatel et l'américain Lucent, qui concerne 85 000 salariés sur tous les continents. Un job en or pour une femme qui a, en tout et pour tout, dix mois d'expérience dans les ressources humaines.

Fraîche émoulue du campus de Jouy-en-Josas, Claire Pedini a débuté en 1989 chez Total dans le contrôle financier et la trésorerie. Très vite, elle est chargée de la communication financière de la compagnie pétrolière que dirige alors un certain Serge Tchuruk. Quelques années plus tard, elle rejoint (au même poste) son ancien boss, devenu patron d'Alcatel. En pleine tempête : l'équipementier de télécoms est malmené en Bourse et sur son marché. Guère impressionnée, Claire Pedini rassure actionnaires et analystes financiers, et « vend » habilement son P-DG aux médias.

Serge Tchuruk la récompense en 2004 par un poste de directrice financière adjointe. Mais, au lieu de la faire évoluer vers une carrière de grand argentier, il lui propose – contre toute attente – de bifurquer vers les ressources humaines. La voilà DRH d'Alcatel en décembre 2005. Comme pour se faire la main, avant d'être nommée sept mois plus tard DRH du nouvel ensemble Alcatel-Lucent.

La partie n'était pas gagnée. En effet, les postes de direction doivent être répartis à stricte parité entre les managers d'Alcatel et ceux de Lucent. Or Pamela Kimmet, l'homologue américaine de Claire Pedini, avait un sacré pedigree (vingt-cinq ans de RH dans des multinationales dont Citigroup et General Motors). Le match attendu n'a pas eu lieu. Coïncidence ou pas, « Pam » a démissionné quelques semaines seulement avant l'annonce du rapprochement, pour rejoindre une banque d'investissement…

Claire Pedini a été choisie à dessein. Cette communicante, espère-t-on, saura faire avaler aux salariés la pilule amère des 9 000 suppressions d'emplois déjà annoncées en limitant la casse sociale et la démobilisation. La financière est aussi bien placée pour trouver 800 millions d'euros d'économies par an sur les frais de personnel, jusqu'en 2010, comme le groupe s'y est engagé. De là à la qualifier de « cost killer déguisée en DRH », il n'y a qu'un pas que les syndicats franchissent, avant même d'entamer les discussions sur la restructuration. Un volet qui sera sans doute géré par Pierre Beretti, directeur des relations sociales, expert du dialogue avec les partenaires sociaux, formé à la dure école de Thomson-CSF.

CLAIRE PEDINI

41 ans.

1987 : sort de HEC.

1988 : décroche un master de gestion des médias à l'ESCP.

1989 : entre chez Total comme contrôleuse de gestion.

1998 : devient directrice de la communication financière d'Alcatel.

2005 : est nommée DRH d'Alcatel

JUILLET 2006 : nommée DRH d'Alcatel-Lucent.