On n'utilise plus ses galons de la même façon dans la gendarmerie. Les gradés doivent s'adapter à la complexité grandissante des missions confiées à leur institution et à la montée des compétences de leurs troupes. « Commander n'est pas manager. Dans la gendarmerie, le commandement est d'essence militaire, mais il s'est enrichi de la notion de management. Nos officiers et sous-officiers doivent savoir conduire une réunion ou adopter un management par projets », indique le colonel François Alègre de la Soujeole, responsable de la formation de la gendarmerie. Les fonctions des gradés connaissent une mutation importante. Avec l'embauche croissante de diplômés qui ne se contentent pas d'une simple relation d'autorité, ils doivent motiver leurs décisions auprès de leur équipe. « Les décisions opérationnelles immédiates réclament parfois un mode de management directif, nuance le colonel François de la Soujeole. Mais la gestion des tâches quotidiennes ou répétitives nécessite un management plus collaboratif. » Le rôle d'entraînement des sous-officiers est aujourd'hui comparable à celui exercé par les agents de maîtrise ou les cadres de proximité d'une entreprise privée.

Pour aider ses gradés à élargir leur mode de management, la gendarmerie généralise les formations à base de jeux de rôle avant toute prise de fonctions. Parallèlement, elle renforce son taux d'encadrement et fait évoluer un certain nombre de ses sous-officiers vers des responsabilités plus élargies. D'ici à 2012, le nombre d'officiers devrait doubler pour atteindre 9 000 personnes. Tous suivront les mêmes formations. Gestion d'un conflit d'équipe, réalisation de plusieurs opérations simultanées, coordination d'action avec les autorités locales ou la justice. Des opérations pour lesquelles l'autorité seule ne suffit plus…