logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Idées

Feuilles d'automne

Idées | Bloc-Notes | publié le : 01.10.2006 | Raymond Soubie

UNE EMBELLIE RÉELLE MAIS FRAGILE

L'emploi va mieux, indiscutablement. Le taux de chômage est passé au-dessous de 9 % de la population active. Il est vraisemblable que le seuil de 8,6 %, atteint par le gouvernement Jospin en des années de forte croissance, sera franchi à la baisse, soit la meilleure performance depuis vingt-trois ans. La France se rapproche doucement de la moyenne européenne. Meilleure nouvelle encore : cette baisse est due principalement à la reprise des créations d'emplois dans le secteur marchand, en particulier dans les PME.

Il ne faut cependant pas se réjouir trop vite. Nous restons très loin de pays comme les États-Unis, le Royaume-Uni, l'Irlande, les Pays-Bas, les pays scandinaves, l'Autriche, même si les comparaisons internationales doivent être interprétées avec prudence en raison, notamment, du traitement différent des handicapés.

Notre chômage structurel demeure élevé alors que, par ailleurs, de sérieuses incertitudes sur la conjoncture aux États-Unis et en Europe pourraient remettre en question une partie de ces résultats. Bref, il ne faut pas s'endormir mais plutôt se concentrer sur deux chantiers prioritaires : avancer vers un diagnostic partagé, qui n'existe pas vraiment aujourd'hui, sur les causes de cette exception française ; donner la priorité aux vrais leviers : l'éducation, la formation, l'efficience du marché du travail.

UNE RÉFORME PARTIELLE

Vraisemblablement, le gouvernement va faire adopter quelques mesures en vue de l'amélioration du dialogue social : harmonisation des instances de concertation, temps réservé pour la négociation, agenda partagé État-partenaires sociaux pour la conduite du changement social. Tout le monde, ou presque, applaudit cette initiative car qui peut être contre le dialogue social ? Mais cette belle unanimité ne doit pas faire oublier que la condition principale à remplir pour vitaliser la négociation collective, surtout nationale, est de porter remède à des maux bien connus : l'affaiblissement en nombre d'adhérents des syndicats, leur multiplicité et leurs divisions. La réforme essentielle du dialogue social ne porte pas seulement ni partiellement sur une institutionnalisation renforcée des syndicats – et du patronat – mais dans des mesures à même de les renforcer, d'accroître leur représentativité et leur légitimité.

UNE GRAND-MESSE ?

Le Premier ministre a décidé de convoquer une conférence sur l'emploi et les revenus avant la fin décembre. Cette procédure, tripartite et solennelle, est rarement utilisée en raison de la difficulté de la mener à bien. On l'a bien vu, l'une des dernières fois en 1997, lorsqu'il s'est agi de débattre des projets du gouvernement Jospin sur les 35 heures.

On perçoit l'intention : montrer que l'on n'écarte pas le sujet du pouvoir d'achat, sans pour autant l'aborder de front, et scénariser le dialogue social. Mais l'exercice est difficile. Faute de mesures suffisantes à la sortie, et elles ne pourront pas l'être, les syndicats, qui ne se contenteront pas d'un constat, seront majoritairement mécontents. Et le patronat dira à l'État que les salaires dans les entreprises sont l'affaire des entreprises. Mais, après tout, s'il y a pédagogie sur les liens entre revenus et emplois, pourquoi pas ?

Auteur

  • Raymond Soubie