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Idées

Peugeot, une trajectoire familiale et sociale

Idées | Livres | publié le : 01.09.2006 |

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Peugeot, une trajectoire familiale et sociale

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Les Peugeot : deux siècles d'aventure, Alain Frerejean. Éditions Flammarion. 430 pages, 23 euros.

L'intérêt de cet ouvrage, retraçant « la longue marche de la famille Peugeot » tient dans le voyage qu'il propose à travers deux siècles de relations sociales, au sein d'une citadelle ouvrière. Ce sont d'abord les premiers pas du paternalisme sous le Second Empire, avec l'apparition des logements ouvriers, le financement des écoles et des crèches, l'assurance contre les accidents prise en charge par les patrons, la création des caisses de secours mutuels… En 1876, Armand et Étienne Peugeot mettent en place une caisse de retraite pour les salariés ayant plus de trente ans de maison. L'atmosphère va changer en 1899 : premier conflit social et première inflexion de la politique sociale. Sous le Front populaire, l'usine de Sochaux se trouve épargnée par les grèves, du moins celles qui s'y produisent sont des « grèves de la joie ». L'après-guerre pose un redoutable défi à la famille : nationalisé, Renault devient la vitrine sociale du pays, obligeant les Peugeot à faire des concessions coûteuses à leurs salariés.

Nouveau tournant au début des années 70 : l'appel massif à la main-d'œuvre immigrée mine les derniers piliers du modèle social Peugeot. De 1965 à 1973, le pourcentage des travailleurs étrangers grimpe de 3 à 19 % à Sochaux et de 9 à 28 % à Mulhouse. Les managers auxquels la famille a délégué la gestion de ses intérêts à partir de 1965 iront chercher au Japon le contre-modèle, notamment après les grands conflits du début des années 80, à Aulnay et à Poissy. Préludes aux licenciements massifs engagés, quelques années plus tard, par Jacques Calvet. Son successeur, Jean-Martin Folz, aura fort à faire pour rétablir des relations plus stables et plus confiantes avec les syndicats. Une belle leçon de social in vivo.