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Le marché se restructure

Dossier | publié le : 01.09.2006 | S. D.

La pression des acheteurs oblige les organismes de formation à repenser leur stratégie et à réorganiser leur fonctionnement. Les plus petits sont contraints de se regrouper pour répondre aux appels d'offres. Seuls les plus gros résistent et se développent.

Les organismes de formation ont mangé leur pain blanc. Les nostalgiques pleurent le temps où les responsables de formation dans les entreprises acceptaient leurs tarifs sans sourciller. Aujourd'hui, la rationalisation des achats de formation incite les organismes à maîtriser leur masse salariale, à développer leurs offres de formation, à mixer les différents modes d'apprentissage (présentiel, e-learning, etc.), à renforcer leurs équipes de commerciaux et à accélérer leur stratégie de croissance externe. « Je me demande si nous ne sommes pas en train de leur vendre la corde avec laquelle ils vont nous pendre », s'interroge Yves Blanchard, président de CAA, faisant référence à la pression que les acheteurs exercent sur leurs fournisseurs. « Les méthodes d'achat nous obligent à renforcer le contrôle de notre masse salariale en augmentant le taux d'occupation, notamment », poursuit-il.

Pourtant, le marché de la formation, estimé à 22,9 milliards d'euros, continue de susciter les convoitises. En 2003, 9 100 organismes y exerçaient une activité principale, contre 8 900 en 2002 et 8 800 en 2001, selon la Dares, avec un chiffre d'affaires en progression de 10 %. Mais ces résultats cachent une réalité plus contrastée. Les petits organismes et les consultants indépendants trinquent, victimes des critères de référencement qui favorisent les structures d'envergure nationale aux reins solides. La Dares note que « les formateurs individuels, qui représentent 31 % du marché, ont vu leur nombre d'heures stagiaires baisser de 20 %. Les organismes déclarant les chiffres d'affaires les plus bas sont les plus fragiles, leur nombre a diminué de 3,6 % en 2003 ». Pour tenir le coup et répondre aux appels d'offres, beaucoup se regroupent ou s'adossent à des sociétés de portage salarial. En revanche, les gros organismes tirent leur épingle du jeu et accélèrent leur stratégie de croissance externe pour rester dans la course. Demos, le numéro deux français de la formation professionnelle, a racheté E-Learning Agency et un organisme de formation espagnol, Global Estrategias. En 2003, le Centre de formation professionnelle des journalistes (CFPJ), qui comprend une activité de formation continue, tombait dans l'escarcelle d'EFE, spécialisé dans la formation destinée aux cadres. Plus récemment, la Cegos a rejeté les offres d'achat de Demos et d'EFE, préférant augmenter son capital à travers une opération de reprise par ses managers (LMBO). Dorénavant, 118 d'entre eux, regroupés à l'intérieur de la holding Cegos Partners, ont le contrôle du groupe. Les investissements étrangers font aussi leur entrée dans le capital des organismes de formation. En 2004, la société américaine Laureate Education Inc. prenait le contrôle (à 51 %) de la société IFG SAS. Des opérations capitalistiques qui modifient considérablement le paysage et les relations avec les entreprise clientes.

Gérard Brédy : “L'application du Code des marchés publics à la formation favorise le moins-disant”

Gérard Brédy est président de l'Union régionale des organismes de formation (Urof) de Rhône-Alpes, qui réunit une cinquantaine d'associations et de coopératives, œuvrant notamment dans le champ de l'insertion.

Pourquoi dénoncez-vous l'application du Code des marchés publics dans la formation professionnelle alors que la FFP considère qu'il rend les règles plus transparentes et met fin au clientélisme ?

Parce qu'il dénature la relation entre un acheteur qui ne connaît rien à la formation et un vendeur qui ne sait pas se vendre. Avant, les politiques de formation des collectivités territoriales faisaient l'objet d'une concertation nécessaire entre commanditaires et offreurs. Aujourd'hui, ces échanges sont interdits sous prétexte d'éviter les copinages. Involontairement, ce dispositif favorise aussi le moins-disant. Car, pour justifier ses choix, l'acheteur qui croule sous 360 candidatures se retranche vite derrière le critère de prix. Les opérateurs associatifs sont laminés.

En début d'année, l'Urof a fait annuler deux appels d'offres, l'un lancé par l'ANPE, l'autre par la région Rhône-Alpes. Que cherchiez-vous à démontrer ?

Dans le premier cas, le tribunal administratif a rejeté les critères retenus pour juger de la solidité financière des candidats, dans le second, il a considéré que le dépôt des candidatures était contraire au principe d'égalité des chances. En fait, nous avons prouvé par l'absurde qu'il était impossible de respecter tous les critères, à moins de bétonner le système.

Les organismes ne risquent-ils pas de dénoncer d'autres appels d'offres, au détriment des publics ?

C'est vrai. Mais nous dénoncerions un organisme qui cherche à faire annuler un appel d'offres sous prétexte qu'il n'a pas été retenu.

Auteur

  • S. D.