Le plombier polonais, qui a surgi dans le débat sur le référendum de 2005, restera comme le symbole des menaces que l'Europe ferait peser sur le modèle social français. Pur fantasme, estime Stéphane Marchand, journaliste au Figaro. Tout le monde sait que l'invasion des artisans polonais n'aura jamais lieu. Seulement 5 % des jeunes Polonais apprennent le français et 65 % l'anglais. Sur le plan économique, « si un pays envahit l'autre, c'est plutôt la France qui envahit la Pologne ». Comment, alors, ce slogan, lancé par Philippe de Villiers, a-t-il pu prendre une telle importance dans le débat français ? C'est le thème de cet ouvrage salutaire, qui resitue l'épisode dans l'histoire des relations entre la France et la Pologne, la première allant chercher chez la seconde, dès les années 20, les mineurs qui lui faisaient défaut. Mythe de l'invasion, mais mythe également de la « gangrène sociale » dont aurait été synonyme le principe du pays d'origine inclus dans la première mouture de la directive Bolkestein. L'auteur fait valoir que ce principe est une jurisprudence de la Cour européenne de justice, intégrée dès 1986 dans le droit communautaire. Le dumping social existe en Europe, mais pas là où les Français le croient : dans le transport maritime et routier, la sous-traitance…

Pour l'auteur, c'est de l'intérieur que se désintègre notre modèle social, bien plus que par l'action d'une instance supranationale. Le vrai danger, pour notre pays, c'est le repli sur soi. Sur ce point, la France et la Pologne partagent le même destin : ce sont « deux pays qui auront besoin d'immigrants ». Et s'il y a une leçon à retenir de l'affaire du plombier polonais, c'est surtout, selon Marchand, que la France est mal outillée dans sa politique d'immigration.