Le 16 mars 1990, le président Fernando Collor de Mello décide de bloquer les livrets d'épargne, et les projets de millions de Brésiliens se trouvent anéantis. La crise sociale propulse brutalement le jeune Paco (Fernando Alves Pinto), fils d'une couturière espagnole, à Lisbonne, embrigadé malgré lui dans un trafic d'objets volés. Au Portugal, il croise le destin d'autres Brésiliens, eux aussi à court d'argent, en quête d'une vie meilleure.

Le film de Daniela Thomas et Walter Salles, le réalisateur de Carnets de route et de Central do Brasil, qui ressort en salle et en DVD, tourne rapidement au film noir. Mais, au-delà de l'intrigue plaquée sur le film, Terre lointaine porte une réflexion plus profonde sur l'exil et l'endroit auquel on appartient. Avant de mourir, la mère (Laura Cardoso) de Paco, exilée depuis des années à Sao Paulo, rêve de revoir San Sebastian. Son fils lui conseille doucement d'oublier son projet de voyage. « Tu ne comprends pas. Ce n'est pas moi qui oublie San Sebastian, c'est San Sebastian qui ne m'oublie pas. Parfois, il y a cette odeur qui me rappelle la ville. Je sais que c'est impossible et pourtant c'est là », souffle-t-elle. Et Alex (Fernanda Torres), brésilienne égarée à Lisbonne, lancée dans une course-poursuite, de répéter dans une ultime tentative pour échapper à son destin tragique, « on rentre à la maison, on rentre à la maison… ».