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Le journal des ressources humaines

Le BTP drague les cadres au chômage

Le journal des ressources humaines | Formation | publié le : 01.04.2006 | Sylvia Di Pasquale

Pour pallier la pénurie de cadres dans le bâtiment, l'ANPE de Lille et la FFB forment des chômeurs venus d'autres secteurs. Une première en France.

Patrick était contrôleur de gestion dans les services et Estelle, ingénieur qualité dans une SSII. Tous deux au chômage jusqu'à ce qu'ils mettent un pied sur la Passerelle vers le bâtiment. En fait, une formation musclée de reconversion de cadres venus de tous les secteurs vers l'un de ceux qui en manque cruellement : le bâtiment.

Un tel programme de reconversion de cadres au chômage est une première en France. L'ANPE Cadres de Lille, la Fédération française du bâtiment du Nord-Pas-de-Calais et BSI, un organisme de formation spécialisé, ont pris le pari de leur apprendre un nouveau métier. « Pas un métier, mais un secteur, corrigent Jean-Charles Godard, chargé de mission bâtiment de l'ANPE de Lille, et Anne-Marie Lollivier, directrice adjointe de l'espace Cadres. Un cadre doit simplement acquérir des compétences propres à l'activité. » Quatorze chercheurs d'emploi ont donc été sélectionnés pour suivre une formation de 800 heures à laquelle s'ajoute un stage de 280 heures en entreprise. « À la sortie, ils seront capables de gérer une dizaine de corps de métiers car ils maîtriseront toutes les étapes de la construction », ajoute Yannick Des camps, responsable de l'agence BSI de Croix.

Une opération principalement destinée aux PME du second œuvre de moins de 50 salariés et dont le patron a besoin d'un bras droit pour diriger des chantiers. Dans ces petites entreprises, le déficit de cadres est criant car elles sont boudées par les cols blancs qui leur préfèrent les grandes entreprises du gros œuvre. Aux stagiaires réticents, Jean-François Gorre, délégué emploi-formation à la FFB du Nord-Pas-de-Calais, n'a cependant pas promis la lune : « Je leur ai dit : vous rentrez dans le bâtiment par la petite porte, il faudra baisser la tête. Mais si vous faites vos preuves, le salaire suivra. » L'argument qui les a fait basculer ? Des carnets de commandes qui débordent et un secteur qui ne demande qu'à recruter. Sur les 14 stagiaires, 8 ont déjà une promesse d'embauche en poche pour devenir conducteur de travaux, métreur ou maître d'œuvre. Les partenaires sont d'accord pour reconduire l'opération en septembre prochain. Reste à boucler le financement : « Sur les 220 000 euros, 90 % sont financés par l'État et l'Assedic, le reste par la branche. On voudrait rééquilibrer le montage, » avance-t-on à l'ANPE. De son côté, BSI prévoit d'exporter l'idée vers d'autres régions.

Auteur

  • Sylvia Di Pasquale