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Idées

Les failles de la méritocratie

Idées | Livres | publié le : 01.03.2006 |

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Les failles de la méritocratie

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L'Inflation scolaire. Les désillusions de la méritocratie, Marie Duru-Bellat. Éditions Seuil, collection « La République des idées ». 110 pages, 10,50 euros.

L'élévation continue du niveau de diplôme est devenue un des indicateurs les plus communs du niveau d'égalité des chances. Particulièrement en France, où le pourcentage de jeunes parvenant au bac s'est imposé comme le nec plus ultra de la politique scolaire. Mais l'inflation à laquelle ont conduit ces certitudes n'est pas exempte d'effets pervers. « Il est à craindre que cette fuite en avant ne conduise à esquiver la question brûlante des modes d'entrée dans la vie des jeunes d'aujourd'hui et du rôle de l'école en la matière », note Marie Duru-Bellat.

Idéologie fondatrice des sociétés démocratiques, la méritocratie domine notre approche de l'éducation. À la fois dans un but d'efficacité économique et de justice sociale, tout développement de la scolarisation apparaît « comme bon, juste, efficace ». Un dogme que l'auteur met à rude épreuve dans cet essai passionnant. L'abondance des titres scolaire n'a pu empêcher la panne de l'ascenseur social. D'abord, les inégalités de diplômes en fonction des classes d'origine restent fortes. Mais, surtout, la valeur économique du diplôme a baissé: il faut faire des études toujours plus longues et bien connaître le système pour pouvoir tirer son épingle du jeu. De même, le diplôme favorise l'insertion sociale, mais celle-ci reste marquée par l'origine sociale, les réseaux, le poids des facteurs culturels…

Dans ce contexte, Marie Duru-Bellat se demande « si la méritocratie n'est pas avant tout l'idéologie par laquelle les groupes les plus diplômés cherchent à justifier leur accès aux positions sociales les plus rémunératrices ». Et suggère une sélection plus organisée et une formation fonctionnant à tous les niveaux, davantage par alternance. Appelant de ses vœux une méritocratie moins hégémonique.