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Enquête

« Il y aura une formation obligatoire à l'orientation pour les nouveaux professeurs »

Enquête | publié le : 01.03.2006 | Sandrine Foulon

Vous avez annoncé la création d'un grand service public de l'orientation pour la rentrée 2006. Sera-ce un guichet unique ?

Il existe de nombreux réseaux en direction des jeunes. C'est une richesse sur laquelle le service public de l'orientation doit s'appuyer. Il ne s'agit donc pas de créer un guichet unique mais de leur fournir une source d'information commune pour qu'ils puissent agir ensemble dans le sens de l'amélioration du service rendu sur l'orientation. Ils doivent disposer d'une information fiable, de qualité, et qui permette aux jeunes et à leur famille de choisir une orientation avec une bonne connaissance des débouchés professionnels de la voie qu'ils envisagent.

Sur le plan national, un délégué interministériel à l'orientation est désigné pour mener à bien cette mission essentielle. Il s'assurera de la bonne coordination entre les actions de l'État et celles des collectivités territoriales et des autres organismes traitant de l'orientation et de l'insertion professionnelle.

Faut-il former les enseignants à l'orientation ?

Une décision d'orientation à l'école se prend avant tout par le jeune et sa famille, bien sûr. Ils sont aidés en cela par le conseiller d'orientation. Mais, bien souvent, le professeur principal a un rôle important, voire un autre professeur qui peut donner un éclairage qui peut s'avérer déterminant. En fait, une décision d'orientation se construit dans la durée, tout au long de l'année ou même des études.

C'est pour cela qu'il est effectivement nécessaire de sensibiliser toujours davantage les élèves comme les enseignants à l'importance de la construction progressive du projet professionnel. Le cahier des charges de la formation des maîtres, en cours de rédaction, intégrera un module obligatoire de formation à l'orientation pour les nouveaux professeurs. C'est bien le sens de la mise en œuvre de l'option « découverte professionnelle » en classe de troisième. C'est déjà un premier pas. Nous devons poursuivre dans cette voie.

Faut-il envisager d'autres approches de l'orientation en adéquation avec les besoins du marché de l'emploi ?

Je suis attaché à ce que chaque jeune puisse continuer de choisir librement son orientation en fonction de ses goûts et de ses talents. Pour que ce choix soit réellement libre, il faut qu'il soit pleinement éclairé. C'est le rôle même du service public de l'orientation. Chaque jeune pourra connaître les réalités de l'insertion professionnelle à l'issue de la filière qu'il envisage de choisir. Dans un second temps, le service public de l'orientation pourra être enrichi des travaux nationaux et régionaux d'analyse prospective des métiers et des qualifications : ils permettront une vision dynamique des filières professionnelles.

Comment éviter que trop de jeunes s'engouffrent dans des filières universitaires sans débouchés ?

L'accès de tous les bacheliers à l'université est un des fondements de l'égalité républicaine. Je suis convaincu en revanche que c'est par l'information, la transparence des résultats en termes d'insertion professionnelle des filières que les jeunes et les familles prendront des décisions d'orientation favorables à la concrétisation d'un projet professionnel réussi.

Orienter dès l'âge de 14 ans vers un métier, n'est-ce pas prendre un risque ?

Pour certains jeunes, l'enseignement classique n'est pas adapté : l'apprentissage est une alternative qui leur permet d'avoir toutes leurs chances pour réussir leur formation initiale. Être apprenti junior, c'est d'abord posséder les mêmes chances que les autres d'avoir accès à tous les diplômes, y compris les BTS ou les diplômes d'ingénieur.

Le risque de la spécialisation trop précoce a cependant bien été pris en compte : l'apprenti junior pourra revenir au collège, sa place lui est réservée ; l'apprenti junior devra acquérir le socle commun de connaissance, commun à tous les collégiens, lui permettant de revenir vers la voie générale ; enfin, les apprentis juniors qui auront travaillé deux ans après un premier diplôme pourront bénéficier d'un an de formation à la charge de l'État : c'est la première pierre du droit universel à la formation.

Auteur

  • Sandrine Foulon