Sa passation de pouvoirs n'a pas suscité de remous. Et pourtant, en remportant, avec 53 % des suffrages, les élections du comité d'établissement de l'usine Renault de Cléon, à la tête d'une coalition (CFE-CGC-CFDT-FO), Jean-Paul Remy vient de tourner la page de près d'un demi-siècle d'histoire syndicale : « Cette usine constituait le dernier bastion de la CGT chez Renault. Une domination qui s'exerçait presque sans partage depuis quarante-sept ans », rappelle le nouveau secrétaire CFE-CGC du CE. Et tant pis si, pour l'emporter, cet ingénieur électromécanicien de formation, venu au syndicalisme sur le tard, a eu besoin de la voix de la direction. « Étant à égalité six voix contre six au candidat CGT, j'aurais été élu au bénéfice de l'âge. Simplement, pour remporter le challenge de l'alternance, j'avais besoin de constituer un bureau sur lequel je puisse compter. »

Si symbolique soit-elle, cette défaite de la CGT n'a constitué aux yeux de Jean-Paul Remy qu'une « demi-surprise ». Avec l'embauche, depuis la fin des années 90, de plus de 2 000 jeunes davantage diplômés, « la CGT n'avait plus la même audience », ajoute un de ses colistiers, indiquant que le dernier appel à la grève organisé à Cléon le jour de la présentation du plan stratégique de Carlos Ghosn a rassemblé à peine une cinquantaine de personnes sur plus de 5 000 salariés. « Ce n'est pas avec des propos catastrophistes que l'on aide les jeunes à développer leur carrière », renchérit le délégué de la CFE-CGC.

Mais, pour l'heure, la priorité du nouveau secrétaire est d'abord de « remettre de l'ordre dans la maison », en particulier dans la gestion des œuvres sociales et culturelles. « Nous allons ouvrir l'éventail des prestations à d'autres activités sportives et à d'autres voyagistes aussi concurrentiels que les prestataires traditionnels du tourisme social », explique-t-il.

L'autre gros dossier auquel la nouvelle équipe veut s'atteler sans tarder est le maintien de l'emploi sur le site. « Pour l'heure, l'activité à Cléon est assurée jusqu'en 2010. Au-delà, il est nécessaire de récupérer de nouvelles activités en proposant des dossiers bien ficelés », explique le responsable syndical, qui espère que sa victoire permettra de « redorer l'image sociale du site ». Un message optimiste que Carlos Ghosn n'a pas entamé : « Nous avons dit aux collègues que cette présentation était rassurante, tant pour Renault que pour Cléon, car c'était un plan de mobilisation et de croissance et non pas de défaite. » Les temps ont décidément bien changé dans l'ex-forteresse ouvrière…

Secrétaire (CFE-CGC) du comité d'entreprise de Renault Cléon (Seine-Maritime).

NAISSANCE

Le 28 juillet 1949.

PARCOURS

1973

Entré comme chef d'équipe à l'atelier moteurs, il occupera des postes d'encadrement de production.

2002

Venu au syndicat par une « affaire de copains », il devient permanent et cumule les mandats.